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Liste
NO: 55 |
6/2/1997 LE DÉPARTEMENT D'ÉTAT AMÉRICAIN CONSTATE ET DOCUMENTE "LA POURSUITE DES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME EN TURQUIE EN 1996"Le Département d'État américain dans son rapport annuel sur les droits de l'homme en 1996, rendu public le 30 janvier, fait en 30 pages un bilan exhaustif des violations des droits de l'homme en Turquie. Le gouvernement turc qui avait procédé à un toilettage juridique de quelques lois répressives en 1995, s'est montré incapable de faire de même en 1996 et "dans certains cas, la situation s'est détériorée" affirme le rapport. En ce qui concerne la situation dans le Kurdistan le rapport note que "la situation dans le Sud-Est était particulièrement préoccupante. Le gouvernement a depuis longtemps privé la population kurde, située dans sa majorité au Sud-Est, de ses droits culturels et linguistiques élémentaires. Dans sa lutte contre le PKK, le gouvernement a déplacé de force un grand nombre de non-combattants, torturé des civils, et restreint la liberté d'expression. Le PKK a commis des violations à une grande échelle et usé du terrorisme d'une façon régulière contre les autorités et les civils, qui sont kurdes pour la plupart". Le nombre des déplacés kurdes se situerait autour de 3 millions de personnes et quant aux villages évacués par l'armée, le rapport cite les sources du ministère des Affaires étrangères qui les évalue à 2600 villages et les organisations des droits de l'homme qui les évaluent à plus de 3000. Toutefois, les violations des droits de l'homme même si elles ont été commises en majorité dans le Sud-Est, elles ne se sont pas limitées à cette région. Les assassinats extrajudiciaires, y compris en détention, dus à l'usage excessif de la torture, ont continué "avec un rythme inquiétant" ajoute le rapport. L'absence ou la rareté de poursuites judiciaires à l'encontre des gardiens de prison ou des policiers et la mise au secret des détenus pendant la garde-à-vue de 15 à 30 jours, sans aucun de contact avec un avocat, sont un facteur majeur dans "l'usage de la torture par la police et les forces de sécurité" ajoute encore le rapport. Le ministère des Affaires étrangères, dont Mme. Çiller est en charge, considère ce rapport "inacceptable" et "les allégations par certaines ONG à l'étranger que la Turquie harcèle les défenseurs des droits de l'homme et les avocats sont inacceptables" a encore ajouté le communiqué du ministère des Affaires étrangères, publié le lendemain de la parution du rapport du Département d'État. EXÉCUTION D'UN JEUNE KURDE À SAVURLe 20 janvier, un jeune kurde, Murat Akman, a été tué à son domicile dans la ville de Savur, province de Mardin, par un peloton d'équipes spéciales et de policiers. Sa famille a alerté les associations humanitaires et les avocats pour dénoncer "cette exécution sommaire". Cependant, celle-ci était présentée par les autorités locales comme "une mort survenue au cours d'affrontements avec les forces de l'ordre". L'Association turque des droits de l'homme a dépêché sur place une mission d'enquête. Les conclusions de l'enquête sont accablantes pour les forces de sécurité. L'enquête établit que celles-ci ont effectué, au petit matin, une perquisition chez les Akman. N'ayant rien trouvé, elles ont fait sortir les autres membres de la famille et abattu le jeune Murat dans sa chambre. Puis pour donner à cette exécution l'apparence d'un affrontement, elles ont mitraillé les murs de la pièce, placé à côté du corps inanimé de Murat une Kalashnikov et 3 chargeurs, photographié le tout, puis repris l'arme et les munitions avant d'aller annoncer que "lors des affrontements avec le PKK, un terroriste avait été tué". Or, relève la mission d'enquête dans une conférence de presse donnée le 26 janvier à Istanbul, Murat Akman était un citoyen ordinaire qui avait terminé 5 mois plus tôt son service militaire dans l'armée où il avait dû combattre le PKK dans la province de Sirnak. A ce titre, il détenait une carte verte de soins gratuits accordés aux anciens combattants. Citoyen ordinaire, ce jeune Kurde a été victime de la haine et de l'obsession ordinaires des forces turques qui voient en chaque Kurde un "terroriste du PKK". "Et, même s'il était du PKK, peut-on tuer quelqu'un sans jugement dans un État qui se dit de droit ?" demandent les enquêteurs de l'IHD. LE CONSEIL DE SÉCURITÉ NATIONALE PRÉCONISE DES MESURES D'INTERDICTION "DES ÉMISSIONS ET PUBLICATIONS SÉPARATISTES"Considéré comme le "super gouvernement" de la Turquie, le Conseil de sécurité nationale, à dominante militaire, s'est réuni le 27 janvier à Ankara sous la présidence de M. Demirel. D'après le communiqué rendu public à l'issue de cette réunion qui a duré 4,5 h, trois sujets ont été débattus: les conséquences de la mise en cause du gouvernement turc par plusieurs pays européens (Allemagne, Grande-Bretagne, France et Pays-Bas), dans le trafic de drogue; la situation à Chypre et les mesures à prendre pour interdire l'accès au territoire turc des "publications et émissions destructives et séparatistes". Sur le premier sujet, le CSN a entendu un rapport du directeur de la Sûreté générale vantant "la lutte exemplaire de ses services contre la drogue" qui auraient au cours des deux dernières années saisi le tiers de l'ensemble de l'héroïne saisie par les polices européennes. Ensuite, le CSN a adopté des "mesures fermes" concernant Chypre qui seront appliquées quel que soit le gouvernement car "la question chypriote relève de la politique nationale de la Turquie". Enfin, le Conseil après avoir entendu les rapports du ministre des télécommunications sur "les mesures légales, administratives et techniques à prendre contre toute émission électromagnétique, y compris des émissions de radio et de télévision, destructives, séparatistes et illégales diffusées à partir de la Turquie ou de l'extérieur". Le CSN demande la modification à bref délai de la loi 3984 sur la radiodiffusion afin d'autoriser le Conseil supérieur de radiotélévision à "fermer les radios et les télévisions diffusant des émissions à caractère séparatiste et destructif". En ce qui concerne les radiotélévisions émettant de l'extérieur de la Turquie, la Direction générale des communications sans fil est chargée de les brouiller afin de les rendre inaccessibles aux habitants de la Turquie. Sous ces généralités, le régime turc vise d'une part les télévisions privées turques qui de temps à autre organisent des débats sur la question kurde ou sur "la situation dans le Sud-Est" d'autre part MED-TV, chaîne de télévision kurde émettant par satellite à partir d'Europe et qui est regardée par nombre de Kurdes. TENSION DANS LES RELATIONS ENTRE TÉHÉRAN ET ANKARADepuis l'arrivée au pouvoir de la coalition dirigée par le Premier ministre islamiste Erbakan, on avait assisté à une nette amélioration des relations entre l'Iran et la Turquie couronnée notamment par la signature d'un contrat gazier de 23 milliards de dollars entre les deux pays et la visite à Ankara du président iranien Rafsanjani. Depuis vendredi dernier, les relations turco-iraniennes connaissent une crise à la suite de l'organisation d'une campagne baptisée "une journée pour Jérusalem" lancée par le maire islamiste, Bekir Yilidiz, de Sincan, banlieue d'Ankara, et à la quelle assistait l'ambassadeur iranien à Ankara, Mohammad Reza Bagheri. Cette campagne avait provoqué de vives réactions dans le milieu laïc. Au cours de cette campagne les relations entre la Turquie et Israël avaient été dénoncées et vivement critiquées et des appels à l'application de la loi islamique en Turquie avaient été lancés. A la suite des réactions suscitées par cette campagne, l'armée s'est déployée dans la ville et le ministre de l'Intérieur a destitué le maire islamiste qui a été arrêté et placé en garde-à-vue le 5 février. L'ambassadeur d'Iran à Ankara avait tenu des propos invitant la Turquie à appliquer la loi islamique et déclaré que "la victoire appartiendra à l'Islam dans le monde entier". Celui-ci a été convoqué au ministère des Affaires étrangères qui lui a mis une note de protestation. Des dirigeants politiques avaient appelé à son expulsion immédiate. Quant au parti de la Gauche démocratique, dirigé par B. Ecevit, il a annoncé le dépôt prochain d'une motion de censure contre le gouvernement. UNE DÉLÉGATION DE LA COMMISSION EUROPÉENNE DES DROITS DE L'HOMME SE REND EN TURQUIEDéjà au début de l'année, en présentant à la presse le bilan des requêtes concernant les violations des droits de l'homme dans les pays membres du Conseil de l'Europe de l'année 1996, la Commission européenne des droits de l'homme avait qualifié la Turquie comme " un des meilleurs clients" (voir notre bulletin N° 53). Débordée par les requêtes en provenance de la Turquie, la Commission a dépêché sur place une délégation afin d'enquêter sur des cas concernant "meurtres extrajudiciaires, disparitions et destructions de villages" dans les régions kurdes. La délégation résidera sur place du 3 au 8 février afin d'y recueillir les témoignages des plaignants ou de leurs proches, des forces de l'ordre et des magistrats du parquet. La délégation enquêtera sur l'affaire Ertak (disparition d'un homme en détention à Sirnak en 1992), l'affaire Kilic (meurtre du journaliste Kemal Kilic près de Urfa en février 1993) et l'affaire "ZD" (destruction d'une habitation et des biens d'une femme dans un village du district d'Hazro fin 1993). 3 INSTITUTRICES SOUMISES AU TEST DE VIRGINITÉ PAR LA POLICELe 14 janvier au cours de descentes dans les locaux de 7 syndicats, dans la ville de Mus, la police a arrêté et gardé à vue 26 personnes dont 3 institutrices. Pendant cette garde à vue, les jeunes femmes sont mises à nue et sont longtemps interrogées sur leur vie sexuelle. Puis trois femmes policières "vérifient", au milieu des ricanements, d'insultes et d'agression verbales, la virginité des institutrices. Selon le quotidien Sabah du 26 janvier qui donne cette information, "l'inquisition sexuelle des institutrices dans les locaux de la sûreté générale de Mus a duré 4,5 heures". Le parquet local n'a pas jugé nécessaire d'instruire la plainte des victimes. Ni le préfet de Mus, ni le ministre de l'Intérieur, Mme. Aksenr, n'ont diligenté d'enquête contre les policiers de Mus. 154 JOURNALISTES VICTIMES DE VIOLENCES POLICIÈRES, SELON REPORTERS SANS FRONTIÈRESAu cours d'une conférence de presse, tenue mardi 4 février à Istanbul, Reporters Sans Frontières affirme que "154 journalistes membres de la presse d'opposition ont été victimes des violences policières en 1996 dont un, Metin Goktepe, a été battu à mort". "31 journalistes ont été torturés en détention, 53 interpellés avec brutalité et 69 agressés, menacés ou harcelés par la police" ajoute encore le rapport. La torture en détention est exercée comme "moyen d'intimidation" à l'encontre des journalistes pro-kurdes et d'une presse considérée par le gouvernement comme "hostile". Le procès des policiers accusés du meurtre du journaliste Metin Goktepe, initialement intenté à Istanbul, lieu du meurtre, s'était ouvert une première fois le 18 octobre dernier à Aydin, à 600 km à l'ouest d'Istanbul, officiellement pour des raisons de sécurité. Ce procès devait se poursuivre le 6 février et cette fois dans la ville d'Afyon à 300 km d'Istanbul. S'exprimant au nom de Reporters sans frontières, M. Jean Chichizola a déclaré que son organisme était "inquiet du fait que le lieu du procès a été changé deux fois, de ville en ville", et "du fait qu'un an après son ouverture, il n'en sera qu'à sa deuxième audience" le 6 février et que "Reporters sans frontières veut croire à un procès équitable, impartial et rapide". LE HADEP PRÉSENTE À LA COMMISSION PARLEMENTAIRE 131 DOSSIERS PORTANT SUR 600 ASSASSINATS POLITIQUES COMMIS DEPUIS 1992Le vice-président du parti pro-kurde Hadep, Sedat Yurtdas, ancien député de Diyarbakir, a le 3 février, longuement témoigné devant la Commission d'enquête du Parlement turc. Au cours de son audition, M. Yurtdas a appelé les parlementaires à sortir du cadre étroit d'une investigation sur l'affaire de Susurluk, et les meurtres d'un patron d'une salle de jeux (O.L. Topal) et d'un agent des services secrets (T. Ümit) qui y sont liés. Extraits de sa déposition: "Depuis 1992, il y a eu au moins 3500 assassinats politiques perpétrés dans le pays, pour la plupart dans les provinces kurdes. Les victimes étaient des enseignants, des médecins, des journalistes, des étudiants, des syndicalistes, des avocats et des responsables politiques, dont le député kurde Mehmet Sincar. Les tueurs, qu'ils soient des barbus, des repentis, des éléments de la mafia, ou des policiers, ont exécuté des ordres venant des échelons élevés de l'État. Aucun de ces assassinats dit "mystérieux" n'a été élucidé à ce jour. Vraisemblablement il n'y a même eu d'enquête pour trouver des coupables. Voilà qu'un ministre de l'Intérieur, Mehmet Agar, ex-patron de la police dont les fréquentations des chefs mafieux ont été révélées au grand jour par l'affaire de Susurluk, affirme, pour sa défense, d'avoir organisé plus de mille opérations secrètes dans l'intérêt de l'État. Vous devriez commencer par obtenir la liste de ces opérations et en élucider quelques-unes. Pour vous aider dans votre tâche, voici 131 dossiers de documents et de témoignages sur 600 des assassinats politiques. En enquêtant sur ces cas votre Commission pourrait donner des gages de son indépendance et convaincre l'opinion qu'elle n'est pas un simple faire-valoir destiné à calmer une population choquée par l'affaire Susurluk et autres scandales commis au nom de l'État". L'ex-député Yurtdas a encouragé les parlementaires à élucider, au moins pour l'honneur du Parlement, l'assassinat du député Mehmet Sincar en recourant en particulier aux témoignages de Leyla Zana et de Hatip Dicle présents sur les lieux lors du meurtre de leur collègue à Batman, ville kurde où ils étaient venus pour les funérailles du président départemental de leur parti, assassiné quelques jours plus tôt. LE MINISTRE DE LA JUSTICE PROMET DE "NETTOYER LE PAYS DES MÉDIAS QUI DÉNIGRENT"L'esprit critique dont les média turcs font preuve au cours des derniers mois n'est pas apprécié par le gouvernement. Tandis que Mme. Çiller dénonce "les patrons de presse qui noircissent les réalités du pays" son collègue islamiste, Sevket Kazan, ministre de la Justice a réitéré, le 3 février à Konya, la volonté de son gouvernement de "nettoyer les média". "Nous nettoierons ces médias qui dénigrent et noircissent le pays" a-t-il déclaré dans son discours de clôture du 3ème festival culturel et artistique de ramadan. "Les partenaires de la coalition feront preuve de tout leur courage pour mener à bien cette action de nettoyage. Nous réalisons ce nettoyage afin d'assurer la suprématie de la vérité" a-t-il ajouté. Les grands média turcs ont, pendant longtemps, notamment sous le gouvernement Çiller (juillet 1993-février 1996), bénéficié de très importants soutiens financiers de la part de l'État, sous la forme de subventions, de crédits avantageux, ..etc. La fin de cet "âge d'or" et l'arrivée au pouvoir du parti islamiste ont conduit certains de ces journaux et télévisions de tendance laïque à adopter une attitude critique vis-à-vis du pouvoir et à dénoncer les divers scandales de des gangs, de la mafia, etc.., phénomènes qui étaient, pour une large part, connue et évoquée pendant des années par les organisations des droits de l'homme et par une poignée des députés kurdes ou de courageux journalistes d'opposition, dont certains ont dû payer de leur vie ou de leur liberté leur recherche obstinée de la vérité. Aujourd'hui, indisposée par les critiques des média, la coalition gouvernementale veut les mettre au pas au nom de la Vérité, celle du pouvoir et des médias islamistes et ultra-nationalistes qui lui sont toujours dévoués. TURKISH CONNECTION: APRÈS UN JUGE ALLEMAND, UN VICE MINISTRE ADJOINT BRITANNIQUE MET EN CAUSE LES AUTORITÉS TURQUES DANS LE TRAFIC DE DROGUEAprès le juge allemand Ralf Schwalbe mettant nommément en cause Mme. Çiller dans le trafic de drogue vers l'Europe et alors que la BBC estime que "la Turquie est devenue la Colombie du Moyen-Orient", le Britannique Tom Sackville, ministre adjoint de l'Intérieur, dans une interview à Sunday Times du 26 janvier souligne à son tour la responsabilité des autorités turques dans ce trafic. Extraits: "80% de l'héroïne saisie en Grande-Bretagne provient de Turquie. Il y a des faits qui ont été dévoilés à la suite des événements et des investigations. Nous savons que des informations confidentielles concernant des opérations de narcotiques sont tombées dans les mains des trafiquants de drogue. Ce que je veux dire c'est que quand nous avons informé les autorités turques de ces opérations elles ont filtré l'information aux trafiquants de drogue et les opérations ont échoué". Remarquant que "l'implication des officiels du gouvernement et des hommes politiques avec des criminels condamnés par la justice ternissait l'image internationale de la Turquie" et précisant que l'inquiétude britannique vient des "rapports troublants affirmant que des membres de la police et même des membres du gouvernement sont impliqués dans le trafic de drogue", M. Sackville a ajouté qu'ils "ne pouvaient être sûrs de l'exactitude des informations transmises par les organismes de sécurité turcs aux autorités britanniques au sujet du trafic de drogue". De son côté, l'Observatoire géopolitique de drogue, basé à Paris, a également accusé la Turquie d'être impliquée dans le trafic de drogue. Un dirigeant de l'Observatoire, cité par le Turkish Daily News du 27 janvier, indique que "70% de la drogue arrivant en Europe provient de Turquie et cela est impossible sans connexion politique". Soulignant que "la drogue saisie en Turquie n'est jamais ni détruite ni rapportée aux agences internationales" le porte-parole de l'Observatoire ajoute : "L'argent de la drogue saisie est donné à la milice officieuse qui combat le PKK. Cela est connu en Europe. Un vaste réseau de narcotiques a été découvert, et c'est un réseau tellement vaste que chacun y est impliqué d'une manière ou d'une autre". Reste que si cette "Turkish connection n'a fait pas que ternir l'image du pays, elle aggrave aussi des conditions de vie de millions de citoyens turcs vivant à l'étranger" commente, à juste titre, la BBC. Désormais tous les porteurs de passeports turcs sont considérés par les policiers européens comme de "possibles trafiquants de drogue". A qui la faute? Pas aux Européens dit l'ancien Premier ministre turc Mesut Yilmaz. "Comment peut-on donner à des trafiquants notoires de drogue des passeports de service réservés à des hauts fonctionnaires de l'État et s'étonner ensuite que l'on nous critique pour l'implication de notre gouvernement dans ce trafic" s'interroge-t-il. "UNE MINUTE DANS LE NOIR POUR FAIRE LA LUMIÈRE"Malgré les promesses des autorités turques d'élucider l'affaire de Susurluk, l'accident routier qui mis au grand jour l'imbrication de la mafia et d'une certaine classe politique turque le mois de novembre dernier, tout indique que cette affaire sera classée. C'est en tout cas ce que les citoyens turcs craignent. "Une minute dans le noir pour une lumière éternelle", c'est le nom d'une campagne qui a été lancée à Istanbul, le samedi 1er février, et qui va durer un mois. Le but des organisateurs de cette campagne est de faire pression sur les autorités en demandant aux citoyens de la Turquie d'éteindre leur lumière tous les jours à 19 h pour que toute la lumière soit faite sur le scandale de Susurluk. S'exprimant au nom des organisateurs, Ergin Cin, a déclaré que "ceux qui enquêtent sur ce scandale ont besoin du soutien. Le soutien espéré dépend de nous, les citoyens, de ceux qui ne veulent pas vivre dans État dominé par les gangs". |