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Liste
NO: 73 |
18/9/1997 LE CALVAIRE DES RÉFUGIÉS EN TURQUIEAmnesty International vient de publier un rapport qui concerne les statuts de réfugiés en Turquie intitulé "Turquie: refoulement des réfugiés non-européens. Un crise de protection". Amnesty International se dit particulièrement concerné par le sort réservé aux demandeurs d'asile d'origine non-européenne; qui sont majoritairement des Kurdes irakiens et iraniens ainsi que des Iraniens fuyant la République islamique. La quasi totalité de ces réfugiés ne sont en Turquie, étant un pays limitrophe, que le temps de présenter leur demande d'asile au bureau de l'UNHCR à Ankara qui, à son tour, leur trouve un pays tiers prêt à les accueillir. Mais le calvaire de ces réfugiés ne fait que commencer sur le sol turc. De nombreux réfugiés ressortissants iraniens sont assassinés par les services secrets de Téhéran sur le sol turc. D'autres sont, dans leur "voyage vers l'espoir", morts noyés, en essayant de rejoindre la Grèce pour ensuite trouver refuge dans un pays de l'Union européenne, en mer Égée. Les tracasseries administratives turques sont particulièrement dénoncées par Amnesty International. Un demandeur d'asile doit, en l'espace de 5 jours, terminer les formalités administratives concernant sa demande d'asile; dépassé ce délai il peut faire l'objet d'expulsion par les autorités turques vers son pays d'origine sans prendre en considération les risques encourus. Amnesty dénonce cette pratique et déclare qu'elle est "certainement arbitraire et doit être abolie" et que s'il faut imposer un délai, celui-ci doit être en conformité avec "les normes internationales concernant la protection des réfugiés et doit en aucun cas être appliqué de façon à contrevenir le principe de non-refoulement". Mais "même ceux dont la qualité de réfugié leur a été reconnue par le Haut Commissariat des réfugiés (UNHCR) ne sont pas en sûreté en Turquie" déclare AI qui indique être au courant de nombreux cas de cette nature où les réfugiés reconnus par l'UNHCR sont livrés directement par les autorités turques aux autorités des pays où ils ont fuis. L'organisation de défense de droits de l'homme déclare, par ailleurs, avoir communiqué ses préoccupations aux autorités turques concernant "les refoulements" des réfugiés ainsi que leur protection dans l'ensemble du pays. Elle a aussi communiqué ses préoccupations concernant les "incidents" fréquents aux frontières avec l'Irak et l'Iran, commis par l'armée turque. Au mois d'octobre de l'année dernière 28 Kurdes et Assyriens d'Irak, alors qu'ils tentaient de traverser la frontière turco-irakienne, ont été passés par les armes par les soldats turcs. Par ailleurs, le sort tragique des réfugiés kurdes irakiens qui tentent de rejoindre la Grèce à bord des barques de fortune, a défrayé la chronique ces derniers mois. Le mois de juin denier, 29 kurdes ont péri noyés en mer Égée; ce n'est malheureusement pas un cas unique: il fait partie d'une série d'"incidents" de ce genre. Le lundi, 15 septembre, trois kurdes ont été déchiquetés et 11 gravement blessés dans un champ de mines à la frontière turco-greque. Ils faisaient partie d'un groupe de 62 personnes qui tentaient d'entrer en Grèce en traversant la rivière Evros. 55 autres ont été récupérés par les soldats grecs sur l'île de Lesbos qui se trouve à 10 km de la frontière avec la Turquie. UN PACIFISTE TURC CONDAMNÉ À PLUS DE 22 ANS DE PRISONEsber Yagmudereli, avocat de profession et fervent militant de droits de l'homme, avait fait appel contre une peine de 10 mois prononcée à son encontre par la Cour de Sûreté de l'État d'Ankara pour un discours pour la paix et contre la guerre du Kurdistan, il y a sept ans; la Cour d'Appel a confirmée, le lundi 16 septembre, la sentence de la Cour de Sûreté de l'État. M. Yagmurdereli, 52 ans, qui avait auparavant été condamné à 22 ans avec sursis, pour le même motif, doit ainsi purger une peine de 22 ans et 10 mois de prison. "La liberté d'expression est sous pression en Turquie. Et c'est le combat de tout un chacun qui veut militer en faveur de la démocratie" a déclaré l'intéressé lors d'une conférence de presse. Il a, par ailleurs, été à l'origine de l'initiative de la campagne "Un million de signatures pour la paix". Ce million de signatures ont solennellement été déposées au palais présidentiel le mois de mai dernier. LIBÉRATION DE 4 DES 9 POLICIERS POURSUIVIS POUR LE MEURTRE DU JOURNALISTE M. GOKTEPELa huitième audience du procès itinérant des policiers accusés du meurtre du journaliste Göktepe a eu lieu le 15 septembre dans la ville d'Afyon, en Anatolie de l'Ouest. Au cours de cette audience houleuse, malgré l'objection du procureur, la cour a mis en liberté 4 des 9 policiers poursuivis. Ceux-ci se sont plaints d'avoir été torturés durant leur garde à vue. La famille du journaliste assassiné a accusé les juges de se comporter en avocats des policiers coupables de la mise à mort de leur fils. BILAN DES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME DU MOIS D'AOÛTLe président de l'Association turque des droits de l'homme (IHD), M. Akin Birdal, a présenté, au cours d'une conférence de presse, le rapport de son Association en matière de violations des droits de l'homme en Turquie commises au mois d'août. Assassinats, condamnations sans procès, tortures et gardes à vue et autres exactions portées à l'encontre des civils ont causé la mort de 254 personnes. M. Birdal a affirmé qu'aucun changement n'est intervenu au cours de ces 2 mois et demi du nouveau gouvernement; et cela ni de point de vue constitutionnel, ni législatif. Il a, par ailleurs, attiré l'attention sur la nécessité d'une solution démocratique et pacifique. Les données de ce bilan sont: - Meurtres non élucidés: 7 - Exécutions extrajudiciaires, décès sous torture au cours de la garde à vue: 13 - Morts dans des affrontements: 215 - Actions à l'encontre des civils: 19 morts et 69 blessés - "Disparitions": 2 - Victimes de tortures: 36 - Personnes placées en garde à vue: 2825 - Arrestations: 69 - Interdictions d'associations, de syndicats, d'organes de presse et de partis politiques: 14 - Journalistes placés en garde à vue: 14 - Publications saisies: 26 - Personnes détenues pour délit d'opinion: 118 L'AFFAIRE DE SUSURLUK REVIENT À L'ORDRE DU JOURChef d'Inspection générale de la présidence du conseil, Kutlu Savas, nommé par le Premier ministre M. Yilmaz, dispose d'importants pouvoirs pour mener à terme l'affaire de Susurluk. A ce titre, il vient d'adresser 2 lettres qui pourraient changer le cours de l'affaire, portée devant le Cour de Sûreté de l'État. L'une d'entre elles, est à l'intention du ministre de l'Intérieur, Murat Basesgioglu, et l'autre est adressée à A. Yuksel, directeur général de la Sûreté. Appelé "super inspecteur", Kutlu Savas, souligne le fait que l'enquête ait été bâclée et camouflée. Il s'interroge non seulement sur la disparition des revolvers de marque Barette mais aussi sur de nombreuses autres armes lourdes spécifiques retrouvées sur place. Nul ne sait la raison de leur réquisition et leur lieu de détention. Kutlu accuse la Sûreté de ne pas avoir procédé à une enquête régulière qui aurait conduit à des réponses claires et nettes. LES MANOEUVRES NAVALES ISRAÉLO-AMÉRICANO-TURQUES AURONT LIEU LE MOIS DE NOVEMBRE PROCHAINLa date de ces manoeuvres controversées, critiquées et condamnées par les États arabes et par l'Iran, a été fixée au 16 novembre prochain à partir du Port de Haifa en Israël. Le but déclaré de ces manoeuvres tripartites est de "renforcer la coopération entre les forces navales des trois pays dans le domaine des opérations de recherche et de sauvetage" ont déclaré les experts militaires des trois pays concernés. Ces manoeuvres font aussi partie des accords militaires déjà passés entre la Turquie et l'État hébreux en février 1996. Mais les pays arabes de la région ainsi que l'Iran prêtent d'autres intentions à ces manoeuvres et accusent la Turquie de "trahir le monde musulman". Damas a fortement condamné ces manoeuvres comme "une tentative désespérée pour faire pression sur la Syrie afin qu'elle change sa politique" dans le processus de paix au Moyen-Orient. En toile de fond, la Turquie qui, en s'alliant à Israël, essai de faire pression sur les autorités syriennes qu'elle accuse de soutenir "les séparatistes kurdes". Pour calmer les réactions venues des pays arabes, qui sont particulièrement virulentes vis-à-vis de la Turquie, le président turc S. Demirel est arrivé à Alexandrie, en Égypte, pour une visite d'un jour afin de rencontrer son homologue égyptien, H. Moubarak. Il a d'emblée assuré son homologue égyptien que "les relations israélo-turques ne sont dirigées contre aucun pays". |