Allan Kaval
Lepoint.fr | Source AFP
Allan Kaval, reporteur du journal « Le Monde », grièvement blessé début octobre au Haut-Karabakh, a été récompensé pour une série de reportages sur la Syrie.
Le 82e prix Albert Londres, récompense la plus prestigieuse du journalisme francophone, a été attribué samedi à Allan Kaval, reporteur du journal Le Monde grièvement blessé début octobre au Haut-Karabakh, pour une série de reportages sur la Syrie, a annoncé l'association. Le journaliste de 31 ans était toujours hospitalisé en soins de suite à Paris samedi, deux mois après avoir été victime d'un bombardement au Haut-Karabakh, enclave séparatiste d'Azerbaïdjan à majorité arménienne, au centre d'un conflit meurtrier cet automne.
Ce sont ses articles sur l'« enfer syrien », publiés en octobre 2019, qui ont valu à ce spécialiste du Moyen-Orient la reconnaissance du jury, séduit notamment par « ses portraits empreints d'humanité, conjugués avec une analyse pertinente qui aide à la compréhension », d'après le communiqué de l'association Albert Londres. Son reportage sur la mort lente des prisonniers djihadistes dans le nord-est de la Syrie, plongée bouleversante et dérangeante dans un centre géré par des forces kurdes où s'entassent des combattants ou partisans de l'État islamique, lui avait déjà permis en octobre de remporter le prix Bayeux des correspondants de guerre et le prix Ouest-France Jean Marin.
« C'est un immense honneur », a réagi Allan Kaval, contacté par l'Agence France-Presse. « Mais derrière chaque reportage, il y a une dizaine de personnes qui restent dans l'anonymat et qui sont pourtant absolument essentielles, c'est vraiment un travail d'équipe », a-t-il souligné, citant notamment la photographe Laurence Geai qui l'a accompagné en Syrie. C'est la troisième année consécutive qu'un journaliste du Monde remporte le Pulitzer français, après Benoît Vitkine (correspondant à Moscou) et Élise Vincent (spécialiste du terrorisme djihadiste).
Le 36e prix de l'audiovisuel a quant à lui consacré les réalisateurs Sylvain Louvet (38 ans) et Ludovic Gaillard (40 ans), pour leur documentaire Sept Milliards de suspects, qui met en lumière les dangers de la surveillance de masse, de Nice à la Chine en passant par Israël, diffusé en avril sur Arte.
Reconnaissance faciale, drones… « Sous le couvert de la lutte contre le terrorisme, ces techniques de surveillance ont fleuri un peu partout à une vitesse folle », a résumé Sylvain Louvet auprès de l'Agence France-Presse, soulignant la résonance de son film avec l'actualité, voire son caractère prophétique. Selon lui, la pandémie a accéléré ce processus, avec par exemple les applications de traçage des malades. Ou certaines dispositions de la loi sécurité globale contre laquelle se déroulaient plusieurs manifestations samedi en France, notamment à l'appel des syndicats de journalistes.