Recouverts du drapeau kurde, aux couleurs rouge, blanc, et vert, frappé au milieu d'un soleil, les cercueils ont été transportés de l'avion par des peshmergas en habit traditionnel kurde, la tête recouverte du keffieh damé rouge et blanc.
Les chefs kurdes, à leur tête, Massoud Barzani, ainsi que le président Jalal Talabani, ont présidé la cérémonie empreinte de recueillement et à laquelle assistaient les familles des victimes.
Ils ont déposé des gerbes de fleurs sur les 512 cercueils, alignés sous le soleil sur le tarmac de l'aéroport.
Des veuves, portant les photos défraîchies de leur époux tués, pleuraient, un mouchoir à la main. Même des hommes, portant l'habit traditionnel kurde, n'ont pas pu cacher leur émotion.
"8.000 membres de la tribu des Barzani, âgés de 10 à 80 ans, ont été arrêtés le 31 juillet 1983 par les forces de l'ordre et la Garde républicaine", corps d'élite de l'armée dissoute, a affirmé M. Barzani, qui a pris la tête de son clan à la suite de la mort de son père, le chef historique Moustafa Barzani.
Ces personnes avaient été expulsées de force de leur région de Barzan, après la répression de la révolte kurde de 1975, et placées dans des complexes résidentiels surveillés de la région d'Erbil.
"Après leur arrestation, ils ont été conduits dans un premier temps à la prison d'Abou Ghraib, avant d'être acheminés à Bsaya, non loin de la frontière saoudienne", a raconté M. Barzani, président actuel de la région du Kurdistan.
Des documents retrouvés après la chute du régime indiquent "que chaque soir, une centaine étaient exécutés et jetés dans des fosses communes", poursuit-il.
"Nous avons les noms des responsables qui ont donné les ordres et ceux qui les ont exécutés. Tout est consigné dans les documents", a averti Barzani.
Pour sa part, le président Talabani a dénoncé "ce grand crime commis par l'ennemi fasciste à l'encontre des Barzani et des Kurdes". "Des dizaines de milliers d'innoncents ont été enterrés vivants dans des fosses communes et ces martyrs sont devenus le symbole du régime noir" de Saddam Hussein.
"Nous sommes réunis aujourd'hui pour rendre un dernier hommage aux martyrs des Barzani et de tout le Kurdistan et de l'Irak. Que leur mémoire reste vivante dans nos esprits", a-t-il dit.
Le responsable des droits de l'Homme du conseil régional du Kurdistan, Mohammed Ihsan, a expliqué que "les recherches pour retrouver les restes du clan ont duré deux ans jusqu'à ce que l'on découvre la fosse qui renfermait ces restes".
Le dossier des victimes du clan Barzani est complet et sera présenté au Tribunal spécial irakien (TSI), pour instruire un procès contre les responsables de l'ancien régime, a-t-il dit.
"284 autres sites qui renferment les dépouilles de victimes kurdes sont par ailleurs en cours d'examen", a souligné ce responsable.
A l'issue de la cérémonie, les cercueils ont été placés dans des véhicules et acheminés dans la région des Barzan, à 200 km au nord d'Erbil, où les restes devaient être enterrés dans un cimetière, aménagé spécialement pour eux.
Saddam Hussein, dont le procès s'ouvre mercredi à Bagdad seulement pour le massacre de 143 Villageois chiites en 1983. Il est également accusé, entre autres, du massacre de plusieurs dizaines de milliers de Kurdes et chiites en 24 ans de pouvoir, mais les dossiers d'instruction de ces affaires n'ont pas encore été bouclés.