Le cousin de Saddam Hussein était accusé du meurtre de 180 000 Kurdes.
Du temps de Saddam Hussein, la seule évocation de son nom faisait trembler les Irakiens. On le disait le plus cruel, le plus sanguinaire et le plus impitoyable de tous les dirigeants baasistes, plus encore que le raïs, dont il était le cousin. Ali Hassan al-Majid a été condamné hier à mort à Bagdad par pendaison. Il a été reconnu coupable de génocide pour avoir organisé l’opération «Anfal», en 1988, lors de laquelle des gaz mortels avaient été utilisés contre la minorité kurde. Cette répression féroce, qui avait culminé avec le bombardement au gaz ypérite de la ville de Halabjah, tuant des milliers de femmes et d’enfants, lui avait valu le surnom d’Ali le Chimique. Sur les cinq autres coaccusés, deux ont été aussi condamnés à la peine capitale, dont l’ex-ministre de la Défense Sultan Hachim, deux à la réclusion à perpétuité, et le dernier, l’ancien gouverneur de Mossoul, a été blanchi.
Terre brûlée. Ali le Chimique, 66 ans, s’est toujours montré le plus fidèle exécutant du défunt raïs dans les opérations massives de liquidations d’opposants. S’il a participé à la répression sanglante de la rébellion chiite en 1991, organisé le déplacement forcé des habitants des marais du Sud - leur nombre est tombé d’un million à 40 000 -, et supervisé l’occupation du Koweït, il est surtout connu pour avoir dirigé «Anfal». Dans cette opération, des milliers de villages du Nord avaient été rasés, des centaines de milliers de Kurdes déportés près des frontières jordaniennes et saoudiennes, loin du Kurdistan. C’est sur cette politique de la terre brûlée systématique qu’il avait forgé sa réputation. Selon l’accusation, «Anfal» a fait 180 000 morts. Selon l’ONG américaine Human Rights Watch, Ali le Chimique est responsable de la disparition de 100 000 non-combattants dans les régions kurdes.
A présent, c’est un homme fatigué et tremblotant que les juges du tribunal spécial ont condamné. S’il n’a pas reconnu avoir eu recours aux armes chimiques, il a en revanche admis avoir ordonné d’exécuter tous les Kurdes qui ignoreraient l’ordre d’évacuation. Les prévenus ont justifié leurs actes par le fait que la guérilla kurde avait partie liée avec l’Iran. «Nous avons défendu l’Irak et nous ne sommes pas des criminels», a déclaré Hussein Rachid, ancien commandant adjoint de l’armée et lui aussi condamné à mort
Boucherie. Sans pitié, Ali le Chimique l’aura été au sein de sa propre famille. Exécutant les désirs de Saddam, il a assassiné, en 1996, ses deux neveux Hussein et Saddam Kamel, les propres gendres du raïs et responsables de son programme d’armes de destruction massive. Les deux hommes venaient de rentrer à Bagdad après une défection fracassante en Jordanie. Leur exécution avait donné lieu une boucherie effroyable. Elle avait permis son retour en grâce auprès du raïs après une période de mise à l’écart.