Rebelles kurdes du PKK
Des membres du PKK, tout juste remis en liberté, saluent leurs supporters depuis le toit d'un bus mardi dans la ville de Silopi, près de la frontière avec l'Irak. Crédits photo : AFP
Lefigaro.fr | Laure Marchand à Istanbul
Le gouvernement turc encourage les combattants à «rentrer dans leur pays». Les autorités turques ont libéré, mardi, cinq membres du PKK qui s'étaient présentés volontairement à la frontière turco-irakienne, la veille.
Ils restent inculpés d'appartenance à un groupe terroriste, un crime passible d'une peine de prison. Mais cette décision de la justice turque apparaît comme le premier résultat concret de «l'ouverture démocratique» lancée par le gouvernement turc cet été pour mettre un terme au conflit avec la guérilla kurde. Lundi, après avoir quitté la base arrière du PKK dans les monts Qandil, au nord de l'Irak, huit militants se sont rendus au poste-frontière de Silopi. Ils étaient accompagnés par 26 réfugiés kurdes, dont des femmes et des enfants, qui vivaient dans le camp de Makhmour, également au Kurdistan, depuis les années 1990. Les procureurs turcs dépêchés à la frontière n'avaient placé en garde à vue que cinq personnes sur 34.
En envoyant ce «groupe de paix», selon l'appellation du PKK, et dépêchée par son leader Abdullah Öcalan, l'organisation kurde souhaitait tester la volonté du gouvernement de s'engager dans la résolution du problème kurde.
Ses émissaires sont porteurs d'une lettre destinée aux autorités turques. «Nous venons en Turquie pour participer à l'établissement d'une base réelle pour la paix», expliquent-ils dans la missive. Mardi après-midi, après la remise en liberté des rebelles, des milliers de sympathisants kurdes ont acclamé le groupe venu d'Irak, qui a pris place à bord d'un bus en faisant le signe de la victoire. L'ambiance festive n'avait rien à voir avec la dernière opération de ce type : en 1999, la délégation envoyée par le PKK avait été arrêtée, condamnée à une peine de prison et certains de ses membres sont toujours derrière les barreaux.
Cette fois-ci, le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a estimé que ce dénouement était «extrêmement positif et plaisant» et a encouragé tous les rebelles «à rentrer dans leur pays sans tarder». Pour déposer les armes, la rébellion kurde réclame notamment une amnistie générale, incluant ses chefs militaires, et la reconnaissance de l'identité kurde dans la Constitution turque. «Un accueil positif envers un groupe de paix ne suffira pas à faire redescendre le PKK de la montagne», a déclaré Cemil Bayik, un commandant du PKK en Irak.