VIENNE, 7 juillet (Reuters) - La Turquie a maintenu mardi son projet de barrage hydroélectrique d'Ilisu, sur le Tigre, malgré le retrait de trois assureurs européens, qui jugent qu'il ne répond pas aux normes de la Banque mondiale.
Trois assureurs européens des crédits à l'exportation ont annoncé mardi qu'ils se retiraient de ce projet de barrage.
Cette décision a jeté le doute sur l'avenir de ce projet de 1,2 milliard d'euros, qui doit fournir 3,8 milliards de kilowatts heures d'électricité par an. A Anakara, la Turquie a dit qu'il n'y avait aucun changement.
"La Turquie considère le projet de barrage d'Ilisu comme une pièce maîtresse de ses projets en Anatolie et comme un fer de lance du développement social, et nous aimerions souligner que notre détermination à construire le barrage d'Ilisu ne faiblit pas", a fait savoir le ministère turc de l'Environnement.
Le barrage doit réduire la dépendance de la Turquie vis-à-vis de l'énergie importée mais aussi submerger plus de 80 villages et hameaux d'ici 2013, date prévue de son achèvement.
Les travaux sur ce projet ont été interrompus en décembre quand les trois assureurs - le français Euler Hermes (ELER.PA: Cotation), filiale de l'allemand Allianz (ALVG.DE: Cotation), le groupe public autrichien Österreichische Kontrollbank et leur homologue public suisse Schweizerische Exportrisikoversicherung - ont ordonné aux fournisseurs de suspendre le chantier du barrage pour six mois.
"Les conditions contractuelles convenues concernant l'environnement, le patrimoine culturel et des relogements n'ont pu être remplies", estiment dans un communiqué commun les assureurs qui fournissaient des garanties de crédit à des fournisseurs d'Allemagne, d'Autriche et de Suisse.
L'Irak, qui voit dans le projet un risque d'aggravation de ses problèmes de pénurie d'eau, avait demandé au cours du week-end aux assureurs européens de se retirer du projet.
Ankara a commencé à travailler sur le projet en 2006. Des défenseurs de l'environnement et des historiens ont déclaré que la quasi-totalité des ruines historiques qui attirent les touristes sur le site d'Hasankeyf, dans le sud-est de la Turquie, seraient submergées si le projet était mené à bien.
Les Romains avaient fait d'Hasankeyf une place-forte contre les Perses. La ville a été détruite par les Mongols et rebâtie au XIe siècle par les turcs Seldjoukides. Le projet prévoit de déplacer les ruines sur un site voisin. (Sylvia Westall, avec Selcuk Gokoluk à Ankara, version française Stanislas Dembinski et Eric Faye)