Ebranlé par la mort de quinze soldats tués ces derniers jours par les séparatistes kurdes, le gouvernement turc a décidé, mardi 9 octobre, de brandir la menace d'une opération transfrontalière en Irak contre les bases du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Un communiqué publié à l'issue d'une réunion du Conseil supérieur de la lutte contre le terrorisme, dirigé par le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, indique que "des ordres ont été donnés" à l'armée pour le lancement "si nécessaire, d'une opération transfrontalière" contre les rebelles réfugiés en Irak, sans toutefois citer nommément ce pays voisin. Le gouvernement de M. Erdogan est sous la pression de l'opposition parlementaire et de l'opinion publique pour renforcer les dispositifs en place contre le PKK. Après la mort de quinze soldats dans deux embuscades – le bilan le plus lourd depuis 1995 –, des manifestations ont été organisées dans plusieurs villes, tandis que la presse populaire appelait le gouvernement de M. Erdogan à l'action.OPPOSITION DE WASHINGTON À UNE INCURSION TURQUE
Une autorisation particulière du Parlement reste cependant nécessaire pour l'envoi de troupes dans un pays étranger pour une opération d'envergure, a rappelé le ministre de la défense, Vecdi Gönül, relativisant la portée de la décision prise par le chef du gouvernement.
La Turquie accuse les Kurdes d'Irak, alliés des Américains, d'alimenter les rebelles en armes et en explosifs. Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara, les Etats-Unis et l'Union européenne, a lancé en 1984 une lutte armée indépendantiste qui a fait plus de 37 000 morts depuis. Il a accru ses attaques depuis le début de l'année, mais Washington s'oppose toujours à toute intervention turque, craignant une déstabilisation du nord de l'Irak, relativement épargné par les violences sectaires. Mardi, le département d'Etat a répété qu'il considérait qu'une incursion turque en Irak n'était "pas la solution" pour résoudre le problème du terrorisme.