Tarek al Hachemi
Nouvelobs.com
BAGDAD (Reuters) - Le gouvernement de Bagdad a officiellement demandé aux autorités de la région semi-autonome du Kurdistan de livrer le vice-président irakien Tarek al Hachemi et douze de ses proches afin qu'ils puissent répondre des accusations portées contre eux.
Bagdad a émis un mandat d'arrêt contre Hachemi à la mi-décembre, juste après le retrait des dernières troupes américaines, en l'accusant d'avoir entretenu des "escadrons de la mort".
"Nous avons envoyé une requête officielle il y a un jour au ministère de l'Intérieur et aux forces de sécurité du Kurdistan pour leur demander de livrer Al Hachemi et douze autres suspects aux autorités judiciaires de Bagdad", a déclaré le vice-ministre de l'Intérieur, le général Hussein Kamal.
Le vice-président irakien, de confession sunnite, rejette les accusations portées contre lui. Il a trouvé refuge au Kurdistan en affirmant qu'il ne pourrait bénéficier d'un procès équitable à Bagdad.
Les autorités kurdes ont confirmé avoir reçu la demande, mais n'ont pas fait savoir quelle suite elles comptaient lui donner.
"Nous avons reçu aujourd'hui un mandat d'arrêt contre Tarek al Hachemi, accompagné d'une décision lui interdisant tout déplacement", a déclaré Dadyar Hamid, porte-parole du Conseil judiciaire kurde à Erbil.
"En raison de la nature sensible de ce sujet, nous nous limiterons à cette déclaration. Des précisions seront communiquées ultérieurement", a-t-il ajouté.
Hussein Kamal a souligné que les autorités kurdes avaient l'obligation de se conformer aux mandats d'arrêts émis par Bagdad mais reconnu que le gouvernement central n'avait aucun moyen de faire appliquer la décision si jamais la région semi-autonome décidait de ne pas coopérer.
"La région dispose d'un statut particulier, avec ses propres forces de sécurité. C'est écrit dans la Constitution. Ils ne peuvent pas venir ici arrêter des suspects, et nous ne pouvons pas non plus aller là-bas pour arrêter des suspects. C'est une question politique qui doit être résolue par la coopération", a indiqué Kamal.
Les tensions entre chiites -majoritaires au gouvernement- et sunnites se sont fortement aggravées depuis le retrait américain.
Le Premier ministre, le chiite Nouri al Maliki, a demandé au Parlement de démettre de ses fonctions le vice-Premier ministre Saleh al Moutlak, un sunnite.
De plus, les communautés chiites ont été frappées par plusieurs attentats, attisant les craintes d'un retour des violences interconfessionnelles.
Ahmed Rachid à Bagdad et Chamal Akraoui à Erbil; Gregory Schwartz pour le service français.