Lundi 21 decembre 2020 à 12h28
Diyarbakir (Turquie), 21 déc 2020 (AFP) — L'ex-députée kurde Leyla Güven a été condamnée lundi à 22 ans et trois mois de prison par un tribunal de Diyarbakir, dans le sud est de la Turquie, pour des accusations en lien avec le "terrorisme".
Déchue de son mandat en juin par un vote parlementaire, Mme Güven, 56 ans, a été reconnue coupable d'"appartenance à un groupe terroriste", en l'occurrence le parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et de "propagande" en faveur de cette organisation, selon les attendus du verdict.
Un mandat d'arrêt a été lancé contre l'ex-députée qui comparaissait libre et qui envisage de faire appel du verdict, a affirmé son avocat à l'AFP. Mme Güven n'a pas assisté à l'audience de lundi et il n'était pas possible de savoir dans l'immédiat où elle se trouvait.
Mme Güven est la co-présidente du "Congrès de la société démocratique" (DTK), une organisation que les autorités turques accusent d'être liée au PKK, classé "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
"Ma mère a été condamnée pour ses activités en lien avec le DTK, qui était autrefois considéré comme un interlocuteur par les autorités", a réagi Sabiha Temizkan, la fille de l'ex-députée sur Twitter.
"Cette condamnation est l'exemple concret de l'application d'un droit de l'ennemi envers les Kurdes", a estimé de son côté Ebru Günay, députée et porte-parole du HDP, le Parti démocratique des peuples dont Mme Güven était députée avant d'être déchue de son mandat.
Cette déchéance a été votée en juin par le Parlement, à la suite de la confirmation d'une précédente condamnation à la prison de Mme Güven pour "appartenance à une organisation terroriste armée".
Mme Güven, alors élue du HDP, avait été arrêtée en janvier 2018 après avoir critiqué l'offensive militaire turque alors en cours dans l'enclave en majorité kurde d'Afrine dans le nord de la Syrie.
Elle avait lancé un mouvement de grève de la faim en prison en novembre 2018 pour protester contre les conditions de détention du leader kurde Abdullah Öcalan, l'un des fondateurs du PKK.
Ce mouvement, suivi par des milliers de détenus, avait pris fin en mai 2019.
Mme Güven avait bénéficié d'une remise en liberté conditionnelle en janvier 2019 jusqu'à l'expiration de sa peine.
Les milieux prokurdes, en particulier le HDP, font l'objet d'une répression implacable depuis plusieurs années en Turquie.
Le pouvoir turc accuse le HDP d'être une "vitrine politique" du PKK, une accusation rejetée par le parti prokurde qui se dit victime de répression en raison de sa farouche opposition au président turc.
Selahattin Demirtas, ancien dirigeant emblématique du HDP est détenu depuis novembre 2016 pour des accusations en lien avec le "terrorisme".
Plusieurs maires pro-kurdes dans le sud-est de la Turquie ont été déchus de leur mandat et arrêtés ces derniers mois pour leurs liens présumés avec le PKK.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.