Mardi 23 février 2021 à 21h43
Lyon, 23 fév 2021 (AFP) — Quatre Tchétchènes ont été condamnés mardi soir devant les Assises du Rhône à des peines d'un an à sept ans de prison ferme après la mort d'un homme d'origine kurde en 2017 près de Lyon.
La Cour n'a pas suivi les réquisitions du ministère public qui, à la mi-journée, avait réclamé à leur encontre une peine de 15 ans de réclusion criminelle.
"Ils ont tous participé à égalité à une scène de violence unique, chaque accusé a commis un acte positif", avait estimé l'avocat général Tristan Boffard dans son réquisitoire.
Le premier des quatre accusés a écopé de 7 ans d'emprisonnement pour "coups mortels", les trois autres d'un an pour "violences délictuelles". Leur peine a été pour chacun assortie d'une interdiction de port d'arme d'une durée de 5 ans.
Durant quatre jours de procès, la cour d'assises de Lyon a tenté de reconstituer une scène de violences confuse, qui s'est déroulée vers 3h30, le 1er avril 2017, à l'issue d'une soirée festive, à Saint-Priest.
Des images de vidéosurveillance montraient notamment une poursuite entre trois videurs tchétchènes et deux Turcs d'origine kurde, jusque dans un recoin sombre. Seule et immobilisée, la victime de 45 ans, avait été tuée de trois coups de madrier portés à la tête.
Jugés pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, les quatre accusés avaient tour à tour nié les faits, puis invoqué la légitime défense, affirmant qu'ils avaient été eux-mêmes agressés par un groupe turc, alors qu'ils étaient ponctuellement recrutés comme vigiles pour des soirées organisées par une association aux contours mal définis.
"Pour moi c'était un guet-apens", avait témoigné vendredi l'amie de la victime, témoin direct de la scène, faisant écho au soupçon de la communauté kurde, qui voit dans l'agression mortelle un acte ciblé, ce qui n'avait pas été étayé dans les débats.
L'avocat général avait insisté sur "le poids de la culture" qui aurait pesé dans l'affaire.
Agés de 30 à 37 ans, les quatre Tchétchènes ont essuyé le refus de leur demande d'asile politique, après leur arrivée en France entre 2009 et 2012, avant de s'établir dans la région stéphanoise dans des conditions précaires, évoluant, selon M. Boffard, dans "un monde souterrain d'étrangers en situation irrégulière en marge de la société réglementée".
"Dans la culture tchétchène de l'honneur, quand une bagarre a commencé, elle ne peut s'arrêter que si l'adversaire est mis hors d'état de nuire. Ils ne respectent que la force", avait-il ajouté.
"Ils vivent dans un squat et vivent d'expédients en espérant une régularisation", avait déclaré pour sa part l'avocat d'un accusé, Me André Buffard, plaidant l'acquittement.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.