Dimanche 29 août 2021 à 18h45
Erbil (Irak), 29 août 2021 (AFP) — Emmanuel Macron s'est rendu dimanche au Kurdistan d'Irak ainsi qu'à Mossoul, dans une église et sur le site d'une mosquée détruite lors de la reprise de la ville au groupe Etat islamique (EI) en 2017, un témoignage de "respect" du président français "envers toutes les communautés irakiennes".
La veille, M. Macron a participé à un sommet régional à Bagdad, largement consacré à la lutte contre le terrorisme et à l'impact de la prise de Kaboul par les talibans en Afghanistan. Il a promis de rester en Irak "quels que soient les choix américains".
Au deuxième et dernier jour de sa visite en Irak, le président français est venu "reconnaître l'importance de Mossoul", "ville martyre", ravagée par la violence des combats en 2017.
Les jihadistes de l'EI en avaient fait leur "capitale" en Irak à l'été 2014, avant d'en être chassés par l'armée irakienne et une coalition internationale, dont la France fait partie, à l'été 2017.
M. Macron a exhorté les Irakiens, éprouvés par 40 ans de conflits et une crise sociale qui dure, à "travailler ensemble", lors d'une allocution à Notre-Dame de l'Heure. Cette église catholique avait été fortement endommagée à partir de 2003 et l'Unesco est en train de la remettre en état.
Le président français s'est ensuite rendu à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, où il s'est notamment entretenu avec le président de cette région autonome, Netchirvan Barzani.
La France se veut protectrice des chrétiens d'Orient, mais aussi de toutes les minorités, historiquement très nombreuses dans le nord de l'Irak.
Selon l'Elysée, M. Macron s'est entretenu samedi soir avec des membres de la communauté yazidie, une minorité persécutée par l'EI.
- Reconstruction "trop lente" -
"Nous allons faire revenir un consulat et des écoles" à Mossoul, a annoncé M. Macron.
Cette ville, à majorité sunnite, ainsi que la plaine de Ninive étaient jadis de hauts lieux du christianisme. Mais les violences qui ont éclaté à partir de 2003, puis l'occupation d'un tiers de l'Irak par l'EI entre 2014 et 2017, ont poussé la majorité des chrétiens à l'exil.
Ils ne sont plus que 400.000 dans le pays, contre 1,5 million en 2003 avant l'invasion américaine.
Mossoul porte toujours les stigmates des combats de 2017 et la reconstruction de la ville "est trop lente", a estimé M. Macron.
Selon un responsable local, 80% des infrastructures, comme les égouts ou les routes, ont été reconstruites, contre seulement 30 à 40% des établissements de santé.
Preuve de cette lenteur: la mosquée sunnite Al-Nouri, qui est toujours en reconstruction et où M. Macron est allé "apporter un témoignage de respect par rapport à ce qu'a vécu Mossoul".
Construite au XIIe siècle, la mosquée et son minaret --surnommé par les habitants de Mossoul "la bossue" (Al-Hadba)-- avaient été ravagés en juin 2017, l'armée irakienne accusant l'EI d'avoir placé des explosifs dans ces joyaux de la vieille ville.
C'est là qu'Abou Bakr Al-Bagdadi avait proclamé en 2014 l'établissement d'un "califat" dirigé par l'EI.
M. Macron a dit "ne pas oublier" que c'est de cette région que "les attaques terroristes commises en France en novembre 2015 ont été planifiées".
- "Résurgence" de l'EI-
La France restera en Irak "aussi longtemps que l'Irak le demandera" et "quels que soient les choix américains", a promis M. Macron samedi lors d'un sommet régional à Bagdad largement consacré à la lutte contre le terrorisme et aux conséquences de la prise de Kaboul par les talibans.
Il a d'ailleurs promis que la France et le Royaume-Uni allaient plaider lundi à l'ONU pour la création à Kaboul d'une "safe zone", une zone protégée qui permettra la poursuite des opérations humanitaires, un projet "totalement réalisable", comme il l'a assuré dimanche à Mossoul.
Désireux de traiter de manière égale toutes les confessions irakiennes, le chef de l'Etat français s'est d'ailleurs rendu samedi soir à Bagdad dans le sanctuaire chiite de Kadhimiya, en compagnie du Premier ministre irakien, Moustafa al-Kazimi.
A Erbil dimanche, M. Macron a assuré Netchirvan Barzani de sa "solidarité pour continuer à lutter contre Daech (acronyme arabe de l'EI, ndlr), notre ennemi commun qui montre des signes inquiétants de résurgence en Irak comme en Syrie".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.