Samedi 8 janvier 2022 à 18h06
Paris, 8 jan 2022 (AFP) — Deux mille manifestants ont défilé samedi dans les rues de Paris pour rendre hommage à trois militantes kurdes assassinées en 2013 dans la capitale française et réclamer justice dans cette affaire jamais jugée, selon les bilans convergents de la préfecture de police et des organisateurs.
"Neuf ans après, c'est une tache dans l'Histoire de la France. Ce n'est pas normal. Il faut que justice soit rendue", a dit à l'AFP Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) et un des organisateurs de la manifestation.
Dans le calme et sous la pluie, le cortège est parti de la Gare du Nord pour rejoindre la place de la République, derrière une grande banderole à l'effigie des trois femmes, portant l'inscription "sans justice, la France restera coupable!", a constaté l'AFP.
Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans, ont été tuées le 9 janvier 2013 de plusieurs balles dans la tête.
Les manifestants, accompagnés par plusieurs associations, élus et partis de gauche, ont porté drapeaux et chasubles violets, sur lesquels figurent les visages des trois militantes, avec l'inscription "vérité et justice".
Ils accusent les services secrets turcs du MIT et le président Recep Tayyip Erdogan d'être derrière cet assassinat. "Nous voulons la justice", "assassin Erdogan", a lancé la foule.
Dans un communiqué, les organisateurs de la manifestation demandent que le secret défense, invoqué par les autorités françaises, soit levé concernant les informations détenues par les services de renseignement, et que les familles des victimes soient reçues par le président Emmanuel Macron.
D'autres manifestations étaient prévues en France, notamment à Marseille, Toulouse, Strasbourg et Bordeaux.
L'enquête en France a relevé "l'implication" de membres des services secrets turcs dans le triple assassinat, sans désigner de commanditaires.
Des médias turcs ont notamment diffusé un document présenté comme un "ordre de mission" du MIT pour Omer Güney. Seul suspect, l'homme de nationalité turque, arrêté en France, est mort fin 2016 en prison quelques semaines avant la tenue de son procès, éteignant l'action publique à son encontre.
Mais en mai 2019, un juge antiterroriste français a été chargé de reprendre l'enquête sur des complicités dans les assassinats. Une information judiciaire a été ouverte pour "complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle".
Le MIT avait officiellement démenti toute implication en janvier 2014.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.