Mardi 5 juillet 2022 à 14h51
Bruxelles, 5 juil 2022 (AFP) — L'Otan a lancé mardi le processus d'intégration de la Suède et de la Finlande, qui permettra à l'Alliance d'organiser une ligne de défense unie de l'Arctique à la Méditerranée face aux menées de la Russie mais dépendra du bon vouloir d'Ankara.
La signature des protocoles d'adhésion par les ambassadeurs des trente pays membres a ouvert mardi au siège de l'Otan le processus de ratification. "Je compte sur les alliés pour une ratification rapide", a lancé Jans Stoltenberg, secrétaire général de l'Alliance, optant néanmoins pour la prudence.
"La dernière fois (pour la Macédoine du Nord), cela a pris douze mois", a-t-il rappelé au cours d'une conférence de presse avec les ministres des Affaires étrangères de Suède et de Finlande, Ann Linde et Pekka Haavisto.
"Beaucoup d'alliés se sont préparés pour que la ratification soit la plus rapide possible, mais cela va prendre plusieurs mois", a-t-il averti. L'Estonie va engager la ratification mercredi, a annoncé la Première ministre Kaja Kallas.
Tout va dépendre de la Turquie. Le président Recep Tayyip Erdogan a donné son accord au lancement de la procédure lors du sommet de Madrid mais rappelé aux deux candidats les engagements pris.
"S'ils remplissent leur devoir, nous soumettrons (le protocole d'adhésion) au Parlement" turc en vue de son adoption, mais "s'ils ne le font pas, il est hors de question pour nous de l'envoyer au Parlement...", a-t-il prévenu.
M. Erdogan a évoqué une "promesse faite par la Suède" concernant l'extradition de "73 terroristes". Ankara réclame depuis plusieurs années à Stockholm l'extradition de militants kurdes et de personnes proches du mouvement fondé par le prédicateur Fethullah Gülen, accusé par les autorités turques d'avoir fomenté la tentative de coup d'État de juillet 2016.
La ministre suédoise Ann Linde a démenti mardi toute promesse faite à la Turquie. "A Madrid, nous n'avons pas parlé de chiffres ni de liste de demandes d'extradition et nous n'avons pas reçu de liste de la Turquie", a-t-elle affirmé.
Mme Linde et son homologue finlandais ont par ailleurs tous deux insisté sur la volonté de leurs gouvernements de se conformer aux procédures judiciaires de leurs pays pour le traitement des demandes d'extradition.
Jens Stoltenberg a cherché à calmer le jeu devant les questions de plus en plus pressantes sur les engagements pris à Madrid.
-"De l'Arctique au Sud"-
"La signature des protocoles d'adhésion est un jour historique pour la sécurité euro-atlantique, car l'invasion brutale de l'Ukraine par la Russie a remis en question la paix en Europe", a-t-il insisté. "Il est important que nous soyons solidaires en ces temps dangereux".
Les deux pays nordiques ont confirmé avoir renoncé à leur neutralité et décidé de rejoindre l'Otan à cause de la dégradation de la situation sécuritaire en Europe provoquée par la Russie.
"Notre sécurité collective exige une approche à 360 degrés, de l'Arctique au Sud", a plaidé le Finlandais Pekka Haavisto.
A Madrid, l'Otan a renforcé ses lignes de défense sur son flanc Est, des Pays baltes à la Bulgarie, ainsi que sa présence navale et aérienne en Méditerranée et dans la mer Noire.
Les adhésions de la Suède et de la Finlande vont apporter des "forces considérables" pour renforcer ce dispositif dans la Baltique.
Le président russe "Vladimir Poutine a essayé de fermer la porte de l'Otan. Nous lui démontrons qu'elle reste ouverte avec les adhésions de la Suède et de la Finlande", a dit Jens Stoltenberg.
Trois autres pays partenaires ont souhaité rejoindre l'Alliance ces dernières années: la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie et l'Ukraine. En mars, le président ukainien Volodymyr Zelensky s'était toutefois déclaré prêt à renoncer à cette candidature.
La signature des protocoles d'adhésion accorde le statut de pays invité aux deux Nordiques. Mais ils ne bénéficieront pas de la protection de l'article 5 de la Charte de l'Otan en cas d'attaque, tant que les 30 pays membres n'auront pas ratifié leur adhésion.
csg/fmi/lch
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.