Vendredi 12 août 2022 à 11h36
Al-Bab (Syrie), 12 août 2022 (AFP) — Des appels à manifester vendredi dans des régions de Syrie sous contrôle des rebelles ont été lancés pour protester contre les déclarations d'un ministre turc se disant en faveur d'une "réconciliation" entre le régime syrien et les insurgés.
Depuis le début du conflit en Syrie voisine en 2011, la Turquie a publiquement exprimé sa farouche opposition au régime de Bachar al-Assad et son soutien aux groupes rebelles syriens.
Mais jeudi, le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a affirmé lors d'une conférence de presse à Ankara: "nous devons d'une manière ou d'une autre réconcilier l'opposition et le régime en Syrie. Sinon, il n'y aura pas de paix durable".
Cette déclaration semble dénoter un certain changement dans la position de la Turquie dont le président Recep Tayyip Erdogan qualifiait encore en mai le régime Assad de "meurtrier".
La déclaration du ministre turc a provoqué la colère des opposants et rebelles syriens, et des appels ont été lancés pour des manifestations dans l'après-midi avec comme slogan "Non à la réconciliation".
Les manifestations doivent se dérouler dans les villes du Nord -Aazaz, al-Bab, Afrine- sous contrôle des forces turques et de leurs supplétifs syriens proches de la frontière turque, ainsi que dans des régions de la province d'Idleb (nord-ouest) sous contrôle des jihadistes et de certains groupes rebelles.
La veille, des Syriens sont descendus dans la rue à Al-Bab pour protester contre les déclarations du ministre turc.
La Turquie déploie en Syrie des soldats dans des régions frontalières du Nord-Ouest et des affrontements meurtriers avaient même opposé soldats syriens et turcs en 2020.
Elle accuse surtout les forces kurdes syriennes qui contrôlent la majeure partie du nord-est du pays d'être des "terroristes" et a mené plusieurs opérations contre elles.
M. Erdogan est l'un des principaux détracteurs de M. Assad qu'il a souvent qualifié de "tyran sanguinaire" depuis 2011.
Le pouvoir syrien, lui, ne rate pas une occasion pour s'en prendre à la Turquie accusée de soutenir des "groupes terroristes" en Syrie.
Dans sa conférence de presse, M. Cavusoglu a souligné que depuis 2011, "beaucoup de gens sont morts (en Syrie), beaucoup ont quitté leur pays. Ces gens devraient pouvoir rentrer y compris ceux (réfugiés) en Turquie. Une paix durable est nécessaire".
Il a nié tout contact direct entre MM. Erdogan et Assad, mais a reconnu une reprise de contact entre les services de renseignements des deux pays et fait état d'un entretien bref avec son homologue syrien en octobre 2021.
M. Cavusoglu a dans le même temps affirmé que son pays poursuivrait le combat contre les "terroristes" en allusion aux kurdes.
Le conflit en Syrie, pays morcelé, s'est complexifié après l'intervention de multiples groupes et puissances étrangères.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.