Samedi 15 octobre 2022 à 10h50
Londres, 15 oct 2022 (AFP) — Un réalisateur de cinéma iranien a affirmé que son pays lui avait interdit de se rendre au Royaume-Uni pour le Festival du film de Londres, en raison de son soutien aux manifestations contre la mort de Mahsa Amini, qu'il a qualifiées de "grand moment dans l'histoire".
"Les autorités iraniennes m'ont empêché de monter à bord de mon avion pour Londres vendredi", a déclaré Mani Haghighi dans un message vidéo adressé aux participants au festival et diffusé vendredi sur Twitter par le British Film Institute (BFI).
"Il ne m'ont donné aucune explication satisfaisante pour cette attitude vraiment grossière", a-t-il ajouté.
L'indignation provoquée par le décès le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, a entraîné la plus grande vague de manifestations en Iran depuis celle de 2019 contre la hausse du prix de l'essence. Mahsa Amini est morte trois jours après son arrestation par la police des moeurs à Téhéran pour avoir, selon celle-ci, enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes, prévoyant notamment le port du voile.
Les manifestations se poursuivent un mois plus tard, malgré des centaines d'arrestations et la répression meurtrière exercée par les forces de sécurité iraniennes.
Selon le BFI, Mani Haghighi devait assister au festival pour la présentation de son dernier film, "Subtraction" (Soustraction), mais les autorités iraniennes ont "confisqué son passeport et il n'a pas pu partir".
Dans son message, le réalisateur, écrivain et acteur âgé de 53 ans assure que les autorités ont agi ainsi en raison de son soutien aux manifestants.
"Il y a deux semaines j'ai enregistré un message vidéo sur Instagram dans lequel j'ai critiqué les lois obligeant à porter le voile et la répression exercée contre la jeunesse qui manifeste contre cela et contre tant d'autres sujets d'injustice", a-t-il expliqué.
"Les autorités ont peut-être pensé qu'en me gardant ici, elles pourraient me surveiller de plus près, peut-être pour me menacer et me faire taire".
"Le simple fait que je vous parle maintenant à travers cette vidéo est une sorte d'échec pour ce plan", ajoute le réalisateur, qui dit ne pas regretter d'être contraint de rester en Iran comme un "prisonnier" dans son propre pays.
"Je ne peux pas exprimer par des mots la joie et l'honneur de pouvoir assister en personne à ce grand moment de l'histoire et je préfère être ici maintenant plutôt que n'importe où ailleurs", a-t-il ajouté. "Si c'est une punition pour ce que j'ai fait, alors je vous en prie, allez-y".
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.