Dimanche 13 novembre 2022 à 18h24
Téhéran, 13 nov 2022 (AFP) — Un tribunal de Téhéran a condamné à mort dimanche, pour la première fois, une personne accusée d'avoir participé "aux émeutes" qui secouent l'Iran, a annoncé l'agence de l'autorité judiciaire Mizan online.
Aucune information n'a été donnée sur son identité ni sur son âge.
Selon le verdict, cette personne est jugée coupable "d'avoir incendié un bâtiment gouvernemental, de trouble à l'ordre public, de rassemblement et conspiration en vue de commettre un crime contre la sécurité nationale, d'être un ennemi de Dieu et de corruption sur terre", a précisé l'agence.
Un autre tribunal de la capitale a condamné cinq personnes à des peines de cinq à 10 ans de prison pour "rassemblement et conspiration en vue de commettre des crimes contre la sécurité nationale et trouble à l'ordre public".
Il s'agit de tribunaux de première instance et les condamnés peuvent donc faire appel, précise Mizan.
L'Iran est secoué par une vague de manifestations depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, arrêtée trois jours plus tôt par la police des moeurs pour avoir enfreint le strict code vestimentaire de la République islamique.
La justice iranienne a par ailleurs inculpé près de 800 personnes pour leur participation à des "récentes émeutes" dans les provinces d'Hormozgan, d'Ispahan et Markazi.
Plus de 2.000 personnes ont été inculpées, dont la moitié à Téhéran, depuis le début des manifestations, il y a deux mois, selon les chiffres fournis par la justice iranienne.
Des organisations des droits de l'Homme à l'étranger font état de 15.000 arrestations, chiffre que démentent les autorités iraniennes.
- Loi du talion -
Récemment, une grande majorité des 290 députés iraniens avaient réclamé à la justice d'appliquer la loi du talion contre les "ennemis de Dieu", en référence aux auteurs des "émeutes" qui secouent le pays.
Les députés demandaient à tous les responsables du pays, y compris le pouvoir judiciaire, d'appliquer dès que possible contre les moharebs (ennemis de Dieu) la loi du talion.
"Comme le groupe Etat islamique, ils ont porté atteinte à la vie et aux biens des gens avec des armes blanches et des armes à feu", affirmaient les parlementaires.
L'Iran a par ailleurs fustigé dimanche la rencontre à Paris entre le président français et des opposantes, qualifiant de "regrettables et honteuses" ses déclarations à l'issue de cette réunion.
Emmanuel Macron avait reçu vendredi à Paris, en marge du Forum de la paix, quatre militantes iraniennes, dont il avait salué la "révolution qu'elles sont en train de conduire" dans leur pays.
"Il s'agit d'une violation flagrante des responsabilités internationales de la France dans la lutte contre le terrorisme et la violence et nous considérons qu'elle favorise ces sinistres phénomènes", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani.
L'Iran a en outre vivement réagi dimanche aux propos la veille du chancelier allemand Olaf Scholz sur son podcast vidéo hebdomadaire.
"Quel genre de gouvernement êtes-vous qui tire sur ses propres citoyens? Quiconque agit de cette manière doit s'attendre à notre opposition", avait dit le chancelier.
"La destruction des relations historiques entre l'Iran et l'Allemagne aura des conséquences à long terme et l'Iran possède une longue liste de revendications vis-à-vis de l'Allemagne en matière des droits de l'Homme", a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, dénonçant la position "interventionniste" et "provocatrice" de l'Allemagne.
Pour tenter d'apaiser la situation au Sistan-Baloutchistan après les incidents qui y ont fait des dizaines de morts depuis le 30 septembre, une délégation dépêchée par le guide suprême Ali Khamenei s'est rendue ce week-end dans cette province du sud-est de l'Iran.
Arrivé samedi soir à Zahedan, la capitale de cette province défavorisée, peuplée d'une importante minorité sunnite, son représentant Mohammad-Javad Haj Ali Akbari a déclaré dimanche: "Nous sommes venus pour vous faire part du chagrin et de la tristesse qu'éprouve le guide suprême concernant les incidents qui se sont produits" au Sistan-Baloutchistan.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.