Jeudi 1 decembre 2022 à 14h11
Téhéran, 1 déc 2022 (AFP) — Le président iranien Ebrahim Raïssi a appelé jeudi dans la province du Kurdistan, berceau des manifestations qui secouent le République islamique depuis le décès de Mahsa Amini, à contrecarrer "les ennemis" de l'Iran qu'il accuse de fomenter les troubles dans le pays.
La jeune femme de 22 ans issue de la minorité kurde est décédée le 16 septembre, trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique.
Les autorités iraniennes accusent les Etats-Unis, leur ennemi juré, de semer la zizanie dans leur pays, théâtre de manifestations antigouvernementales depuis le décès de Mahsa Amini.
Elles accusent aussi l'opposition kurde à l'étranger d'encourager la contestation, déclenchée dans la province du Kurdistan à la suite du décès de Mahsa Amini avant de s'étendre au reste du pays.
"Lors des récentes émeutes, les ennemis ont commis une erreur de calcul en croyant pouvoir semer le chaos et l'insécurité", a dit le président iranien en lançant la mise en service d'un projet d'eau potable à Sanandaj, chef-lieu de la province iranienne du Kurdistan.
"Mais ils ignoraient que le Kurdistan avait sacrifié le sang de milliers de martyrs et que ses habitants avaient dans le passé vaincu l'ennemi", a-t-il ajouté dans son discours retransmis par la télévision, en faisant allusion à la guerre entre l'Iran et l'Irak (1980-88).
"Les gens sont confrontés à des problèmes économiques et sociaux mais ils savent faire face à l'ennemi par leur solidarité", a-t-il encore dit.
Le président iranien a estimé que "la nouvelle génération dans cette région agirait comme ses mères et ses pères qui ont déjoué les plans de l'ennemi, et ne suivrait pas la volonté des ennemis, notamment les Etats-Unis".
- "Pauvreté et misère" -
Pour sa part, le commandant en chef des Gardiens de la révolution, armée idéologique de la République islamique, Hossein Salami a accusé les ennemis de Téhéran de vouloir déstabiliser son pays.
"L'ennemi ne veut pas que la sécurité règne dans ce pays car toute la fierté d'un pays réside dans sa sécurité", a-t-il dit selon l'agence de presse officielle Irna.
Il s'exprimait à Chiraz, ville du sud du pays où 13 personnes avaient été tuées le 26 octobre dans une attaque contre un sanctuaire chiite, revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
''Aujourd'hui, ils (les ennemis) essaient tous de semer les graines du désespoir dans le coeur des jeunes et certains affichent même leur satisfaction après l'élimination de l'équipe nationale de football", a-t-il dit en allusion à la défaite mardi de l'équipe d'Iran face aux Etats-Unis lors du Mondial de football.
La défaite de l'Iran mardi à Doha face à son ennemi juré et son élimination du Mondial ont suscité parmi les Iraniens à la fois des scènes de joie et de désespoir, dans un pays partagé face au mouvement de contestation déclenché il y a deux mois et demi.
"Nous avons une épée dans une main pour combattre l'ennemi, et de l'autre nous rendons service au peuple", a encore dit le commandant en chef des Gardiens, soulignant par ailleurs la nécessité de "prendre des mesures pour servir le peuple, car la pauvreté et la misère font partie aussi des ennemis du pays".
Des dizaines de personnes, principalement des manifestants mais aussi des membres des forces de sécurité, ont été tuées depuis le début des manifestations antigouvernementales.
Selon le Rapporteur spécial de l'ONU sur l'Iran, plus de 15.000 personnes ont été arrêtées.
Plus de 2.000 personnes ont été inculpées, dont la moitié à Téhéran, depuis le début de la contestation, selon les chiffres officiels fournis par la justice iranienne.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.