Samedi 24 decembre 2022 à 11h23
Paris, 24 déc 2022 (AFP) — Trois personnes d'origine kurde, deux hommes et une femme, ont été tuées par balles et trois autres blessées vendredi à Paris par un homme qui a dit avoir agi parce qu'il était "raciste".
- Que s'est-il passé ? -
Un homme a ouvert le feu à plusieurs reprises vendredi peu avant midi, rue d'Enghien, dans un quartier animé du Xe arrondissement de la capitale, à proximité du centre culturel kurde Ahmet Kaya.
Il a été interpellé par la police après avoir été maîtrisé par plusieurs personnes dans un salon de coiffure à proximité, puis placé en garde à vue.
Près de lui a été découverte "une mallette" contenant "deux ou trois chargeurs approvisionnés, une boîte de cartouches calibre 45 avec au moins 25 cartouches à l'intérieur", selon une source proche du dossier. L'arme utilisée est un "Colt 45 de 1911" de l'armée américaine "d'apparence usée".
Il a tué trois personnes, une femme et un homme retrouvés devant le centre culturel kurde et un autre homme retrouvé dans un restaurant kurde situé en face.
Trois autres hommes ont été blessés, dont l'un est dans un état grave.
- L'auteur présumé -
Le tireur présumé est un homme âgé de 69 ans, conducteur de train à la retraite de nationalité française, domicilié à Paris, a détaillé le parquet de Paris.
Aux policiers qui l'ont interpellé, il a déclaré avoir agi parce qu'il était "raciste", selon une source proche du dossier.
Le matin des faits, "il n'a rien dit en partant (...) Il est cinglé. Il est fou", a déclaré à l'AFP le père du suspect âgé de 90 ans, le décrivant comme "taiseux" et "renfermé".
Le suspect a des "antécédents judiciaires". Il a été notamment été condamné en 2017 à six mois de prison avec sursis et à une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans par le tribunal judiciaire de Bobigny pour détention prohibée d'armes.
Ce même tribunal l'a condamné le 30 juin pour des faits de violences avec armes commis en 2016. Il a fait appel.
Enfin, il a été mis en examen pour violences avec arme avec préméditation à caractère raciste ainsi que pour dégradations commises le 8 décembre 2021 à Paris.
Une source policière avait à l'époque indiqué à l'AFP que l'homme était soupçonné d'avoir blessé à l'arme blanche au moins deux migrants dans un campement et dégradé plusieurs tentes d'un campement du parc de Bercy, dans le XIIe arrondissement de la capitale.
Il avait été placé en détention provisoire avant d'être remis en liberté le 12 décembre sous contrôle judiciaire, précise le parquet de Paris.
- Les victimes -
La femme tuée, Emine Kara, était une responsable du Mouvement des femmes kurdes en France, selon le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F). Elle avait fait une demande d'asile politique "rejetée par les autorités françaises", a précisé vendredi devant la presse le porte-parole du mouvement, Agit Polat.
Les deux hommes décédés sont Abdulrahman Kizil, "un citoyen kurde ordinaire", et Mir Perwer, un chanteur kurde reconnu comme réfugié politique et "poursuivi en Turquie pour son art", selon le CDK-F.
Une source policière a confirmé à l'AFP les identifiés d'Emine Kara et Abdulrahman Kizil.
- L'enquête -
Le suspect a voulu "manifestement s'en prendre à des étrangers", a affirmé Gérald Darmanin, précisant qu'"il n'est pas sûr que le tueur qui a voulu assassiner ces personnes (...) l'ait fait spécifiquement pour les Kurdes".
Il est inconnu des fichiers du renseignement territorial et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), et M. Darmanin a indiqué également ne pas disposer d'informations que relieraient le suspect à des faits antérieurs liés à l'ultradroite.
Le suspect "était tireur dans un club de sport et avait déclaré de nombreuses armes", a aussi dit le ministre.
"Rien ne permet à ce stade d'accréditer une quelconque affiliation de cet homme à un mouvement idéologique extrémiste", a affirmé de son côté la procureure de Paris.
Une enquête a été ouverte des chefs d'assassinat, tentative assassinat, violences volontaires avec armes et infraction à la législations sur les armes. Les investigations ont été confiées à la police judiciaire parisienne.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.