Dimanche 16 avril 2023 à 21h02
Beyrouth, 16 avr 2023 (AFP) — Au moins 41 personnes, dont 24 civils, ont été tuées dimanche en Syrie dans deux attaques attribuées au groupe Etat islamique (EI) contre des ramasseurs de truffes des sables et des bergers.
Le groupe jihadiste a "tué 36 personnes dimanche pendant qu'elles ramassaient des truffes du désert dans l'est de Hama (centre)", a indiqué à l'AFP le directeur l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, précisant que 17 d'entre elles étaient des combattants prorégime.
L'agence officielle Sana a fait état de son côté de 26 morts.
Et dans le désert de l'est du pays, des hommes suspectés d'appartenir à l'organisation ultraradicale et juchés sur des motos ont ouvert le feu et tué cinq bergers dans la province de Deir Ezzor, avant de s'emparer du bétail, a ajouté l'ONG qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.
L'agence Sana a fourni un bilan de 5 morts aussi, précisant que les jihadistes ont ouvert le feu sur le bétail, tuant 250 ovins.
Deux autres bergers ont été enlevés, selon l'OSDH.
Dans la même province, les corps décomposés de deux civils ont été retrouvés. Selon l'OSDH, ils avaient été tués quelques jours plus tôt par des membres de l'EI, pendant qu'ils ramassaient, eux aussi, des truffes des sables.
Plus de 240 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées depuis début février en ramassant des truffes des sables revendues à prix d'or, lors d'attaques de combattants de l'EI dans le désert ou dans des explosions de mines, selon un décompte de l'OSDH.
Le groupe jihadiste qui a contrôlé de vastes territoires à partir de 2014 en Syrie, a été défait territorialement en mars 2019 dans ce pays par une coalition internationale antijihadiste dirigée par les Etats-Unis et les Kurdes.
- Zones reculées -
Depuis le début d'année, des cellules de l'EI éparpillées dans le désert y ont cependant multiplié les attaques meurtrières.
Selon l'OSDH, les jihadistes de l'EI s'en prennent souvent à des habitants qui vont chercher des truffes dans des zones reculées.
Dans un pays à l'économie dévastée par plus d'une décennie de guerre et de lourdes sanctions internationales et où le salaire mensuel moyen est de 18 dollars environ, la récolte des truffes peut représenter un gagne-pain très intéressant.
Le kilo de truffes coûte en effet de cinq à 25 dollars, selon la taille et la qualité.
Moins parfumées que les truffes françaises ou italiennes, les truffes des sables ne peuvent être ramassées qu'à la saison des pluies, entre février et avril.
Malgré les fréquentes mises en garde des autorités, cette activité à haut risque se poursuit.
Mi-février, 68 personnes, dont 61 civils et sept militaires, avaient été tués dans l'est de la province de Homs (centre) dans une attaque attribuée à l'EI.
Il s'agissait de l'attaque la plus meurtrière menée par l'organisation jihadiste depuis plus d'un an et l'assaut mené contre la prison de Ghwayran dans une région tenue par les forces kurdes, dans le nord-est de la Syrie. L'attaque avait fait 373 morts dont 268 jihadistes, à l'issue de plusieurs jours de combats intenses, selon l'OSDH.
Et dimanche, l'administration autonome kurde a annoncé dans un communiqué avoir libéré des dizaines de prisonniers détenus à Ghwayran dans la ville de Hassaké et à Alaya à la périphérie de la ville de Qamichli (nord-est), du fait de leur "bon comportement et de leur capacité à s'intégrer à la société".
Ils étaient accusés de "terrorisme" par l'administration kurde pour avoir "aidé des membres de l'EI ou leurs proches".
Le conflit syrien, déclenché par la répression en 2011 de manifestations prodémocratie, a fait un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et morcelé le pays.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.