Vendredi 7 juillet 2023 à 05h02
Paris, 7 juil 2023 (AFP) — Neuf ans après sa Palme d'Or, le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan poursuit son exploration de l'Anatolie rurale à travers l'histoire d'un professeur accusé d'harcèlement sur ses élèves dans "Les Herbes Sèches", en salles mercredi.
Le film était en compétition en mai à Cannes, dont il est reparti avec le prix d'interprétation féminine, pour l'actrice Merve Dizdar.
Dans le film, Samet, un professeur de collège accusé de harcèlement sexuel par deux élèves, compte les jours avant de pouvoir quitter la région et rejoindre Istanbul. L'occasion d'explorer l'isolement, l'envie de fuite et l'éloignement.
"J'aime les côtés obscurs de mes personnages", a déclaré à Cannes le réalisateur de 64 ans, couronné en 2014 pour +Winter sleep+". "Ils peuvent parfois ressembler à des anti-héros, ce n'est pas l'impression que j'ai (...) Je parle de sentiments tout à fait ordinaires que chacun d'entre nous peut porter en soi".
Comme à son habitude, le cinéaste turc a travaillé avec ses proches: son épouse, Ebru Ceylan, co-scénariste, et son collaborateur Akin Aksu, qui a lui-même enseigné dans l'est de la Turquie.
Filmé à Karayazi, un village dans la province d'Erzurum (est), le film dépeint le combat des habitants qui vivent isolés. L'électricité est régulièrement coupée, il faut parfois aller chercher de l'eau au puits et la neige et le froid compliquent le quotidien.
Le réalisateur raconte des histoires de hiérarchie et de domination. Entre un professeur et ses élèves, entre le rectorat et le corps enseignant, entre la ville et la campagne, entre l'homme et la nature. En toile de fond, il traite de la question kurde, de pauvreté et de handicap.
Samet, aux tendances nihilistes et misanthropes, pense que l'endroit dans lequel il vit est responsable de son malheur. Son pessimisme sera bousculé par la rencontre avec Nuray, une jeune femme amputée d'une jambe suite à un attentat. Avec elle, et l'un de ses confrères, ils forment un trio atypique, teinté de rivalité masculine et de séduction.
En 03H17, Nuri Bilge Ceylan soigne l'esthétique, sublimant la nature anatolienne tantôt par des plans larges des paysages, ou en insérant des photographies que lui et son épouse ont pu prendre, à l'écran.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.