Samedi 6 janvier 2024 à 13h29
Istanbul, 6 jan 2024 (AFP) — Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, en route pour le Proche-Orient, a rencontré samedi à Istanbul le président Recep Tayyip Erdogan pour évoquer la guerre dans la bande de Gaza et tenter de lever les derniers obstacles à l'entrée de la Suède dans l'Otan.
Selon des sources diplomatique américaines, l'entretien a débuté en début d'après-midi après une première rencontre de M. Blinken, arrivé la veille au soir, avec son homologue turc Hakan Fidan.
Une photo publiée sur son compte X par la chaine de télévision publique TRT Haber montre MM. Blinken et Erdogan côte à côte dans l'une des résidences présidentielles sur le Bosphore.
M. Erdogan, qui dénonce le soutien des Etats-Unis à Israël et qualifie ce dernier d'Etat "terroriste", avait boudé la précédente visite à Ankara de M. Blinken en novembre.
Dans un communiqué laconique, le ministère turc des Affaires étrangères a rapporté que "les ministres ont discuté de la guerre et de la crise humanitaire à Gaza, du processus d'adhésion de la Suède à l'Otan et des questions bilatérales et régionales".
M. Blinken entame en Turquie une nouvelle tournée qui le mènera en Israël, en Cisjordanie occupée et dans cinq pays arabes, pour plaider en faveur d'une aide accrue à Gaza et tenter d'éviter un embrasement régional, trois mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Il entend notamment presser Israël sur la prochaine phase des opérations militaires, l'augmentation de l'aide humanitaire à la population palestinienne à Gaza et entamer le dialogue sur l'après-guerre.
M. Blinken appellera par ailleurs des pays de la région à user de leurs canaux de communication avec l'Iran pour faire entendre que les Etats-Unis ne cherchent pas l'escalade, mais qu'ils défendront leurs intérêts quand ils sont attaqués, selon un responsable américain s'exprimant sous couvert d'anonymat.
En Syrie et en Irak, les attaques contre des bases militaires américaines ont augmenté ces dernières semaines et les rebelles Houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, multiplient les attaques en mer Rouge contre les navires commerciaux, afin d'entraver le trafic maritime international en "soutien" aux Palestiniens.
- Dix millions de dollars -
M. Erdogan est l'un des plus virulents critiques d'Israël, qui a juré de "détruire" le Hamas en représailles à l'attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre, qui a fait quelque 1.140 morts, essentiellement des civils.
En outre, 132 personnes sont toujours otages du Hamas.
Les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza ont fait 22.600 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Pour M. Erdogan, le Hamas est un "groupe de libérateurs".
Après la sanglante attaque du 7 octobre, il avait néanmoins discrètement prié des cadres politiques du mouvement vivant en Turquie de quitter le pays.
Vendredi, le département d'Etat américain a promis jusqu'à dix millions de dollars en échange d'informations concernant cinq "facilitateurs financiers" du Hamas, dont trois résident en Turquie, selon Washington.
Le processus d'adhésion de la Suède à l'Otan constitue l'autre raison de l'étape turque d'Antony Blinken.
La commission des Affaires étrangères du Parlement turc a entrouvert fin décembre les portes de l'Alliance atlantique à la Suède mais le protocole d'adhésion doit encore être approuvé par la majorité des députés pour que soit mis fin au suspense qui dure depuis près de 20 mois.
La Turquie est le dernier membre de l'Otan avec la Hongrie à barrer la route au pays scandinave.
Elle lui reproche sa mansuétude présumée envers des militants kurdes réfugiés sur son sol et use de son pouvoir de blocage pour obtenir la livraison de 40 avions de combat américains F-16 et des kits de modernisation pour ceux qu'elle possède déjà.
Selon une source diplomatique à Ankara, le dossier des F-16 a justifié un entretien téléphonique la semaine dernière entre MM. Blinken et Fidan.
Le gouvernement américain n'est pas hostile à la vente des F-16 mais le Congrès s'y est opposé jusqu'ici, la conditionnant à l'entrée de la Suède dans l'Otan et en raison des tensions récurrentes entre la Turquie et la Grèce - elle aussi membre de l'Otan -, bien que les relations entre ces deux voisins se soient réchauffées ces derniers mois.
Après la Turquie, M. Blinken fera une brève escale samedi en Grèce, inquiète d'un possible contrat sur les F-16, avant de s'envoler pour la Jordanie.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.