Dimanche 4 février 2024 à 13h17
Istanbul, 4 fév 2024 (AFP) — Le parti pro-kurde DEM (nouveau nom du HDP) a indiqué dimanche qu'il présenterait son propre candidat à la mairie d'Istanbul fin mars, au risque de voir la mégapole turque échapper à l'opposition qui l'avait conquise en 2019.
Le nom officiel du ou de la candidat/e sera dévoilé le 9 février, a annoncé devant la presse la porte-parole du Parti de l'Egalité des peuples et de la démocratie (DEM), Aysegul Dogan.
Mais le nom de Basak Demirtas, épouse de l'ancien co-président du parti Selahattin Demirtas, emprisonné depuis 2016 et officiellement retiré de la politique, circule déjà depuis quelques temps avec insistance pour représenter le DEM lors des municipales le 31 mars.
Les adversaires de cette candidature soupçonnent un arrangement avec le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan: laisser gagner le parti AKP au pouvoir en privant l'opposition et le maire CHP sortant Ekrem Imamoglu de son soutien, en échange de la libération de M. Dermitas.
M. Imamoglu avait gagné en 2019 grâce à l'appui du parti Iyi (droite) et à celui, indirect, du parti pro-kurde, qui avait alors décidé de ne pas présenter de candidat pour éviter de diviser le vote de l'opposition dans cette ville mixte de 17 millions d'habitants qui abrite une importante communauté kurde.
Condamné pour "insulte" envers des responsables, Ekrem Imamoglu, 52 ans, risque plus de deux ans d'inéligibilité si sa peine est confirmée en appel, ce qui l'avait déjà privé de candidature à la présidence.
Les électeurs kurdes n'ont pas pardonné l'attitude de son parti qui s'était retourné contre eux entre le premier et le second tour du scrutin présidentiel en mai dernier.
De plus, la coalition formée pour la présidentielle afin de contrer la réélection du président Erdogan a déjà éclaté avec le départ sur son aile droite du parti du Bien (Iyi Parti).
M. Erdogan a chargé en janvier son ancien ministre de l'Environnement, Murat Kurum, 47 ans, de reconquérir Istanbul, la ville la plus riche du pays, où il est né et dont il a été lui-même le maire dans les années 1990, afin de venger la plus humiliante défaite de l'AKP en deux décennies de domination.
Selahattin Demirtas est incarcéré depuis fin 2016 pour "propagande terroriste" et encourt jusqu'à 142 ans de prison: il est accusé de plusieurs dizaines de crimes et délits dont celui d'insulte au président et d'être lié au PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, classé comme organisation "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
Au lendemain de la réélection de M. Erdogan, il avait annoncé le 31 mai son retrait de la vie politique dans un message posté sur "X": "Alors que je poursuis la lutte comme tous mes camarades de prison, je quitte à ce stade la politique active".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.