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Les réfugiés syriens rentrent à Tall Abyad libéré de l'EI


Mercredi 17 juin 2015 à 13h35

Akçakale (Turquie), 17 juin 2015 (AFP) — Baluchons à la main et enfants sur les épaules, des réfugiés syriens ont commencé mercredi à retraverser la frontière de la Turquie pour retourner à Tall Abyad, la ville reprise par les combattants kurdes au groupe État islamique (EI).

Les armes se sont tues après une semaine de combats féroces et les vainqueurs s'affairaient à désamorcer mines et voitures piégées laissées par les jihadistes, a indiqué à l'AFP un chef rebelle.

La reprise de Tall Abyad représente un revers cinglant pour les jihadistes de l'EI car cette ville frontalière était l'un de leurs principaux points de passage pour le transit des armes comme des combattants.

Dès le début de la matinée, quelque 200 hommes, femmes et enfants, chargés de maigres bagages, se sont pressés sous le soleil devant le poste-frontière d'Akçakale (sud) avec l'intention de rentrer chez eux, a constaté une journaliste de l'AFP.

Tenu depuis plus d'un an par l'EI, Tall Abyad a été conquise mardi par les Unités de protection du peuple kurde (YPG) appuyées par les frappes aériennes de la coalition antijihadiste dirigée par les États-Unis et des groupes rebelles syriens.

Cette bataille a provoqué depuis début juin l'exode de plus de 23.000 personnes vers la Turquie, selon des chiffres du gouvernement d'Ankara.

Le district de Tall Abyad comptait 130,000 habitants, dont deux tiers d'Arabes et un tiers de Kurdes avant le soulèvement de mars 2011, selon Fabrice Balanche, géographe français spécialiste de la Syrie.

Les quelques familles chrétiennes étaient parties dès 2012, avant les Kurdes, qui ont fui en 2013 après la défaite du YPG face aux rebelles. Il ne restait depuis guère que des arabes sunnites dans Tell Abyad, selon cet expert.

- Rentrer avant le ramadan -

"Je rentre, j'ai laissé mon mari là-bas", a déclaré à l'AFP Fahriye, une réfugiée quadragénaire. "Mais j'ai toujours très peur des bombes. Qui ne le serait pas? J'ai peur aussi du retour de l'EI et je déciderai avec ma famille si nous pouvons rester ou pas".

"Ce n'est pas si bien que ça ici, ce n'est pas comme à la maison", ajoute Mahmoud, un autre Syrien de Tall Abyad avant de franchir les grilles de fer séparant la Turquie de son pays. "Nous voulons passer la période sainte du ramadan dans notre pays. On s'en réjouit", se félicite ce fermier.

Sur place, les vainqueurs veulent agir avec célérité pour que la vie redevienne normale avant le début du mois de jeûne qui commence jeudi.

"Les opérations militaires sont terminées et la ville est sécurisée. Le four municipal a recommencé à fonctionner depuis hier et nous avons distribué du pain aux résidents qui reviennent", assure Sherfan Darwich, porte parole du groupe rebelle Bourkan al-Fourat group, allié au YPG, joint par téléphone.

"Tall Abyad va être dirigé par une administration civile formée par les habitants", précise-t-il, alors que, dans les environs, des combattants allaient de localité en localité pour vérifier qu'il n'y avait plus de kamikazes de l'EI.

Les forces kurdes sont en outre présentes autour d'un autre fief de l'EI, Ain Issa, situé à 45 km au sud-ouest d'Ain Abyad, selon ce rebelle.

Ailleurs en Syrie, au moins 33 personnes ont été tuées dans des secteurs contrôlés par le régime et par la rébellion à Damas et ses environs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

A Douma, un bastion rebelle à l'est de Damas, au moins 24 personnes, dont cinq enfants, ont ainsi été tuées mardi après-midi par des roquettes et des raids gouvernementaux.

Dans la soirée, neuf personnes ont été tuées par des tirs de roquettes sur le jardin Arnous dans le centre de Damas, un secteur aux mains du régime, selon l'OSDH.

La lutte contre l'EI devait être au coeur de la visite qu'entame mercredi le Premier ministre irakien Haider al-Abadi en Iran.

Puissance chiite régionale, l'Iran a envoyé des conseillers militaires et fournit un soutien financier et militaire au gouvernement irakien, tout en affirmant ne pas avoir déployé de troupes au sol dans ce pays comme en Syrie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.