Lundi 19 septembre 2022 à 10h58
Beauvais, 19 sept 2022 (AFP) — Huit ans après les faits, le procès de Muhittin Ulug, un franco-kurde soupçonné d'avoir massacré le petit ami de sa fille après avoir surpris un rendez-vous amoureux s'est ouvert lundi devant les assises de l'Oise.
Cheveux gris ras, chemise et veste noire, l'accusé, 52 ans, assisté d'un traducteur, a décliné son identité d'une voix calme devant une salle comble, en présence de plus d'une trentaine de ses proches.
Une trentaine de proches de la victime étaient eux présents sur les bancs des parties civiles, dont la fille de l'accusée, Nuzan.
Le 24 juillet 2014, les secours appelés dans un pavillon de Nogent-sur-Oise découvraient Julien Videlaine, 20 ans, mort dans la salle de bains, nu et recroquevillé dans une mare de sang. Il présentait une vingtaine de plaies profondes infligées à l'arme blanche.
Présente en état de choc et blessée à la main, Nuzan, alors âgée de 19 ans, accusait immédiatement son père d'avoir tué le jeune homme, après les avoir surpris lors d'un rendez-vous amoureux qu'elle voulait cacher à sa famille.
Ses parents, d'origine kurde, désapprouvaient sa relation avec ce Français aux origines kabyles, mécanicien dans l'armée, explique-t-elle, affirmant même que son père avait menacé de la tuer si elle poursuivait cette liaison.
La justice ouvre une information judiciaire pour meurtre, mais le suspect a déjà fui, via l'Allemagne, vers la Turquie. Les parents de la victime se battront pendant quatre ans pour obtenir son arrestation, et finalement son extradition en octobre 2019.
Il avoue au juge le meurtre mais nie avoir eu conscience qu'il s'agissait de l'ami de Nuzan. Il aurait vu en arrivant une fenêtre ouverte, entendu des cris à l'étage, et attaqué cet homme nu, croyant qu'il agressait sa fille, assure-t-il.
Cette dernière change alors de version: son père ne contrôlait pas ses relations et n'avait jamais entendu parler du jeune homme, assure-t-elle. Elle précise avoir menti sur plusieurs détails au début de l'enquête, en colère et sous le choc.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.