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Après plus de 11 ans d'isolement, la Syrie réintègre le giron arabe


Dimanche 7 mai 2023 à 15h21

Paris, 7 mai 2023 (AFP) — Après plus de onze ans d'isolement diplomatique et d'une guerre sans fin, la Syrie a effectué dimanche un retour en grâce auprès des pays arabes avec sa réintégration au sein de la Ligue arabe.

- Mise au ban -

En novembre 2011, la Ligue arabe (18 membres sur 22) suspend de ses réunions la Syrie, qui refuse de mettre fin à sa violente répression d'un soulèvement populaire entamé en mars 2011.

Ce camouflet est salué par les pays occidentaux et la Turquie, mais critiqué par la Russie, l'Iran, l'Irak et le Liban.

L'organisation panarabe impose des sanctions économiques, notamment un gel des transactions commerciales et la fin des liaisons aériennes.

Ces sanctions interviennent après des mois de mesures économiques américaines et européennes contre des dirigeants et intérêts économiques syriens, ainsi que des condamnations de l'Onu.

En février 2012, le Conseil de coopération du Golfe (Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie saoudite et Emirats arabes unis) annonce le retrait des ambassadeurs des pays membres de Syrie.

En 2013, l'opposition syrienne occupe même le siège de la Syrie lors d'un sommet de la Ligue arabe.

- Apaisement saoudien -

Le 12 avril 2023, le ministre syrien des Affaires étrangères effectue une visite surprise en Arabie saoudite, une première depuis le début de la guerre en Syrie.

Ryad accueille le 14 avril une réunion de neuf pays arabes sur la Syrie, qui s'inscrit aussi dans une volonté d'apaisement avec l'Iran, un soutien syrien.

En mars, l'Arabie saoudite et l'Iran ont conclu un accord en vue d'une reprise de leurs relations. Le royaume tente en effet de sortir de la guerre guerre civile au Yémen, dans laquelle les deux pays sont impliqués.

- Dialogue post-séisme -

Le séisme du 6 février 2023, qui a dévasté des régions de Turquie et de Syrie, est un autre déclencheur permettant au président syrien, Bachar al-Assad, de reprendre des contacts avec des pays arabes qui lui acheminent de l'aide humanitaire.

Un avion saoudien se pose en février à Alep, deuxième ville du pays. Il s'agit du premier avion saoudien à atterrir en Syrie depuis le début de la guerre.

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, appelle son homologue syrien, une conversation inédite en douze ans entre les deux hommes, même si les relations n'avaient jamais été totalement rompues. Fin février, le chef de la diplomatie égyptienne est dépêché à Damas pour une visite "humanitaire".

Après le séisme, le président syrien a aussi reçu le chef de la diplomatie de Jordanie, pays qui avait maintenu des relations timides avec la Syrie en guerre. En octobre 2021, le roi de Jordanie Abdallah II avait ainsi appelé M. Assad.

- Rabibochages progressifs -

Dès la fin 2018, les Emirats arabes unis rouvrent leur ambassade à Damas. Et Bachar al-Assad réserve en mars 2022 aux Emirats sa première visite dans un pays arabe depuis la guerre.

En le recevant à nouveau en mars 2023, le président des Emirats juge qu'il est temps pour Damas de rentrer dans le giron arabe. Dans la foulée, les deux pays tiennent des discussions sur une reprise de leurs services consulaires.

Le 12 avril 2023, la Syrie et la Tunisie annoncent leur intention de rétablir leurs relations diplomatiques. Deux semaines plus tard, la Tunisie nomme un ambassadeur à Damas. Dès 2015, Tunis avait désigné un représentant consulaire auprès de Damas.

Bachar al-Assad s'est rendu en outre en février 2023 au sultanat d'Oman, une première en douze ans de guerre. Oman est le seul pays du Golfe à avoir toujours maintenu des relations diplomatiques officielles.

- Appels du pied turcs -

Fin décembre 2022, les ministres turc et syrien de la Défense s'entretiennent lors d'une réunion tripartite à Moscou. Il s'agit de la première rencontre officielle à ce niveau entre Ankara et Damas depuis la guerre, au grand dam des Kurdes du nord de la Syrie et de leur allié Washington.

Mais Bachar al-Assad estime qu'un rapprochement implique "la fin de l'occupation" turque du territoire syrien.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.