Lundi 26 octobre 2020 à 14h16
Souleimaniyeh (Irak), 26 oct 2020 (AFP) — Durant trois mois, Tara Abdallah a cousu ensemble des vêtements qui forment aujourd'hui une traîne de presque cinq kilomètres de longueur. Son ouvrage s'étend désormais dans des rues du Kurdistan d'Irak autonome pour sensibiliser sur les violences faites aux femmes.
Ce patchwork est composé de "morceaux de vêtements de femmes ayant subi des violences de la part de leur conjoint ou de leur famille dans toutes les villes et villages du Kurdistan", explique l'artiste et militante à l'AFP.
"Je voulais montrer la violence que les femmes subissent, à la maison ou en dehors, dans notre société", poursuit Mme Abdallah, 24 ans. "En rencontrant les femmes dont j'ai utilisé les vêtements, j'ai entendu toutes sortes d'histoires".
L'ONU s'inquiète régulièrement du sort des femmes au Kurdistan, victimes de "crimes d'honneur" perpétrés le plus souvent par des proches pour des conduites soi-disant "immorales".
Par désespoir, nombre d'entre elles se suicident ou tentent de se donner la mort pour échapper à des violences domestiques ou à des mariages forcés.
La jeune artiste dit avoir utilisé les vêtements de près de 100.000 femmes, dont certains ayant appartenu à des victimes de ces violences et lui ayant été donnés par des proches.
Son ruban multicolore de 4.800 mètres relie --comme du linge séchant au vent sur un fil au-dessus des rues, des véhicules et des passants-- le tribunal à un parc de l'avenue principale de Souleimaniyeh, deuxième ville kurde dans le nord-est de l'Irak.
Le Kurdistan, qui se présente comme un havre libéral et un paradis pour investisseurs étrangers dans un Moyen-Orient secoué par les violences, est régulièrement épinglé par les défenseurs des droits humains.
Par exemple: moins de 1% des Irakiennes ont été excisées mais, selon l'Unicef, 37,5% des Kurdes entre 15 et 49 ans l'ont été.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.