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Au Liban, des réfugiés syriens enterrent leurs enfants tués dans une frappe imputée à Israël


Mercredi 17 juillet 2024 à 17h08

Qassimiya (Liban), 17 juil 2024 (AFP) — En fuyant la guerre en Syrie, Chahine Jarkas voulait protéger ses enfants. Mais, ce sont les violences dans le sud du Liban, où il a cherché refuge, qui ont coûté la vie à ses deux fils, tués avec un autre enfant, par une frappe imputée à Israël.

"Comme chaque jour depuis le début de la guerre, mes enfants passaient leur journée à jouer dans une aire de jeux, tandis que je travaillais dans un champ", dit à l'AFP M. Jarkas, réfugié de la localité syrienne d'Afrine, à forte population kurde.

Chahine Jarkas, 55 ans, est agriculteur dans le village d'Oum Tout, frontalier d'Israël, où trois enfants, dont ses deux fils, ont été tués "lors d'un raid israélien contre des terres agricoles", selon l'agence de presse officielle libanaise ANI.

"Je travaillais quand j'ai entendu le bruit du missile. Lorsqu'on m'a confirmé que l'endroit ciblé était proche du terrain de jeu, j'ai couru vers les lieux et j'ai vu mes enfants, Jean (10 ans) et Mohammed (7 ans), couverts de sang", ajoute-t-il, en blâmant le "gouvernement israélien".

Depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël, le Hezbollah, allié du mouvement islamiste palestinien, échange quotidiennement des tirs transfrontaliers avec l'armée israélienne.

Israël dit cibler les "infrastructures" du mouvement et vise ses combattants via des assassinats ciblés.

Selon un photographe de l'AFP, les corps ont été transportés à Qassimiyé, près de la ville de Tyr, relativement épargnée par les combats, avec celui de Khalil Khalil, 12 ans, fauché par la frappe alors qu'ils jouaient avec les fils de M. Jarkas.

Déposés sur des civières et enveloppés de couvertures, ils ont été reçus par leurs proches aux côtés de la famille du propriétaire du champ où travaillent les parents endeuillés pour subvenir aux besoins de leur famille, au milieu des autres habitants d'Oum el-Tout.

- "On les as tués..." -

"On vit à Oum el-Tout et on a refusé de partir depuis le début de la guerre", déclare Mohamed Khalil, ce réfugié de 58 ans, père du défunt Khalil, au milieu des cris des mères et d'autres proches en larmes.

"Khalil jouait avec un groupe d'enfants quand j'étais à la maison. J'ai entendu le bruit du raid puis j'ai couru voir les enfants... avant de les trouver morts", déplore-t-il.

"On a été déplacés de Syrie pour protéger nos enfants de la guerre... mais au final on les a tués."

L'Unicef a qualifié "le meurtre de trois autres enfants par une frappe aérienne (mardi) alors qu'ils jouaient devant leur maison au Sud-Liban" d'"horrible", dans un message publié sur X.

"On n'a jamais fait de mal à qui que ce soit. On fait porter la responsabilité au gouvernement israélien", ajoute Mohamed Khalil.

L'armée israélienne a dit que son aviation avait ciblé "une cellule terroriste du Hezbollah" dans la région de Yarine, près d'Oum el-Tout.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a averti mercredi que ses combattants bombarderaient de nouvelles localités si Israël "continuait de viser des civils".

Les violences transfrontalières ont fait 511 morts au Liban, en majorité des combattants mais incluant au moins 104 civils, selon un décompte de l'AFP.

Côté israélien, 17 soldats et 13 civils ont été tués, selon les autorités.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.