Jeudi 25 janvier 2024 à 20h28
Bagdad, 25 jan 2024 (AFP) — L'Irak et les Etats-Unis ont annoncé jeudi de prochaines discussions sur l'avenir de la coalition internationale antijihadistes, en pleines tensions régionales et attaques récurrentes de groupes armés pro-Iran.
Les Etats-Unis déploient environ 2.500 soldats en Irak et près de 900 en Syrie voisine, engagés au sein de la coalition internationale qu'ils ont créée en 2014 pour combattre le groupe Etat islamique (EI).
De nombreux pays participent à cette coalition qui a épaulé les forces irakiennes dans les grandes batailles contre l'EI. Pour empêcher une résurgence de l'organisation jihadiste, des soldats américains, français, britanniques ou encore espagnols sont toujours stationnés en Irak et fournissent assistance et conseils aux troupes irakiennes.
Sur fond de guerre à Gaza entre Israël, allié de Washington, et le Hamas palestinien, soutenu par Téhéran, des groupes armés pro-Iran en Irak ont mené des attaques contre les soldats américains et la coalition, entraînant une riposte des forces américaines.
Des développements qui ont finalement poussé le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani à réclamer un départ de la coalition d'Irak.
Jeudi, le ministère des Affaires étrangères irakien a annoncé dans un communiqué le lancement de "groupes de travail" dans le cadre d'une "commission militaire suprême" unissant Bagdad et Washington.
Ces groupes vont "évaluer le danger posé par l'EI" ainsi que "le renforcement des capacités des forces irakiennes, en vue de créer un calendrier précis déterminant la durée de la présence des conseillers de la coalition en Irak, et le début d'une réduction progressive et étudiée de ces conseillers", selon le texte.
- Exercice d'équilibriste -
A Washington, un haut responsable de la Défense américaine a assuré que le dispositif n'était "pas une négociation sur le retrait des forces américaines d'Irak".
S'exprimant sous couvert de l'anonymat, il a souligné "la nécessité de basculer vers une relation bilatérale normale en matière de sécurité", assurant ne pas être en mesure de donner "une date" pour cette "transition éventuelle".
Le communiqué du secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin était également prudent, se contentent de confirmer le début "dans les prochains jours" des "réunions" des groupes de travail.
"Trois facteurs clés" seront examinés, a-t-il dit: "la menace de l'EI, les exigences opérationnelles (...) et le niveau des capacités des forces de sécurité irakiennes".
Il a promis "une consultation avec les partenaires de la coalition à toutes les étapes du processus".
Après une montée en puissance fulgurante en Irak et en Syrie, l'EI a été mis en déroute sous les coups des forces locales aidées par la coalition. Bagdad a proclamé en 2017 sa "victoire" contre les jihadistes.
La situation volatile oblige depuis des semaines M. Soudani à se livrer à un délicat exercice d'équilibriste. Porté au pouvoir par une majorité parlementaire formée de partis pro-Iran, il doit préserver les rapports stratégiques avec les Etats-Unis.
En recevant à Bagdad le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares, M. Soudani a réitéré le besoin de remplacer la coalition internationale par "des relations bilatérales avec tous les pays" membres.
L'EI, a-t-il dit, "n'est plus un danger pour l'Etat irakien".
- "Eviter un débordement" -
Pour le ministre espagnol, "les attaques contre les troupes étrangères doivent cesser".
"Nous sommes ici à la demande du gouvernement irakien et nous partirons quand le gouvernement irakien l'envisagera", a-t-il dit, jugeant "crucial d'éviter un débordement de la crise à Gaza".
Depuis la mi-octobre, les groupes armés pro-Iran ont mené plus de 150 tirs de roquettes et frappes de drones contre les soldats américains et ceux de la coalition, en Irak et en Syrie.
En représailles, Washington a déjà effectué plusieurs frappes en Irak contre ces groupes.
Les attaques contre la coalition ont été revendiquées par la "Résistance islamique en Irak", nébuleuse de combattants issus des groupes armés pro-Iran affichant leur solidarité avec les Palestiniens et réclamant le départ des troupes américaines.
Et jeudi soir encore, un "drone" lancé par "les milices hors-la-loi" a été abattu alors qu'il allait cibler une base abritant les troupes de la coalition à l'aéroport international d'Erbil, selon les services antiterroristes du Kurdistan autonome dans le nord d'Irak.
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.