Jeudi 6 mars 2008 à 13h20
STRASBOURG (Conseil Europe), 6 mars 2008 (AFP) — Le Comité antitorture (CPT) du Conseil de l'Europe a conclu, après une visite à Imrali en Turquie, qu'Abdullah Öcalan n'était pas victime d'empoisonnement, mais il demande à la Turquie de faire cesser l'isolement de l'ex-chef du PKK, préjudiciable à son état mental.
Les autorités turques ont refusé cette demande.
Dans un rapport publié jeudi à Strasbourg, après une visite en mai 2007, les experts du CPT indiquent que, contrairement aux accusations des partisans d'Öcalan, les concentrations de métaux lourds trouvés dans l'organisme du prisonnier "ne sont pas de nature à être interprétées comme dangereuses pour la santé de l'intéressé", qui est âgé de 59 ans.
Les valeurs de ces produits, trouvés dans les cheveux et poils thoraciques d'Öcalan, sont certes élevées, "mais elles sont probablement liées aux conditions environnementales de l'intéressé", qui vit dans un environnement marin, et à ses habitudes alimentaires, indique le rapport en citant une expertise réalisée par des spécialistes du CPT à Genève.
En revanche, les experts indiquent que la santé mentale d'Öcalan, qui vit dans l'isolement total depuis son emprisonnement le 16 février 1999 à Imrali, "s'est notablement détériorée" depuis les précédentes visites du comité en 2001 et 2003.
Les experts évoquent les conséquences sévères d'un "stress chronique et un isolement social et émotionnel prolongé", liés "à un sentiment d'abandon et de déception".
Le CPT enjoint les autorités turques de "réviser complètement la situation d'Abdullah Öcalan avec l'objectif de l'intégrer dans un endroit lui permettant d'avoir des contacts avec d'autres prisonniers et une plus large série d'activités".
Il demande notamment pour le prisonnier le droit d'avoir la télévision, de téléphoner régulièrement à ses proches, de voir ses avocats sans la présence d'un membre de l'administration, d'avoir des visites plus fréquentes et de partager sa détention avec d'autres détenus.
Mais dans leur réponse adjointe au rapport, les autorités turques expriment une fin de non-recevoir à ces demandes: "le condamné est le chef d'une organisation terroriste qui a mené des actes de violence brutaux entraînant la mort de 25.000 personnes", écrit le gouvernement.
Les risques pour la sécurité d'Öcalan et celle des autres prisonniers, ainsi que le risque de fuite sont trop importants, selon le gouvernerment turc.
Abdullah Öcalan, né le 4 avril 1949, fondateur et ex-chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a été arrêté le 15 février 1999 au Kenya par des agents turcs avec l'aide des services de renseignement américains.
Transféré en Turquie, il a été condamné à mort pour "séparatisme" en juin 1999, une peine commuée en 2002 en prison à vie après l'abolition de la peine capitale. Il purge sa peine dans la prison de la petite île d'Imrali où il est seul détenu.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.