Mardi 3 decembre 2024 à 12h00
Beyrouth (Liban), 3 déc 2024 (AFP) — Sous la houlette des islamistes de Hayat Tahrir al-Cham, des rebelles du nord de la Syrie ont lancé une offensive fulgurante sur la ville d'Alep, contraignant l'armée de Bachar al-Assad à abandonner la deuxième ville du pays.
Cette conquête représente un tournant dans le cours de la guerre en Syrie, déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie. Pour le régime, elle remet en cause des années de victoires qu'il a enchaînées avec le soutien militaire de ses alliés, la Russie et l'Iran.
Après 13 années d'un conflit sanglant ayant morcelé la Syrie, qui sont les principaux belligérants et leurs soutiens?
- Les islamistes radicaux -
Les islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), dominés par l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, contrôlaient avant leur offensive la dernière poche d'opposition armée dans le nord-ouest de la Syrie, englobant près de la moitié de la province d'Idleb et des territoires limitrophes des provinces d'Alep, de Hama et de Lattaquié.
Plus de la moitié de ses quelque cinq millions d'habitants concentrés sur 3.000 km2 sont des déplacés ayant fui d'autres régions reconquises par le régime.
A la faveur de leur offensive éclair, les rebelles ont quasiment doublé leur territoire, selon Fabrice Balanche, maître de conférence à l'université Lyon 2.
Outre Alep, ils ont conquis des parties de sa province, de celle d'Idleb et de la province de Hama (centre).
- Les forces gouvernementales -
Après le début du conflit en 2011, l'armée syrienne avait perdu la majorité du territoire au profit des factions d'opposition, de combattants kurdes, puis des jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
L'intervention russe en 2015 a changé la donne. Soutenu militairement par Moscou, l'Iran et le Hezbollah, le régime a repris de nombreux territoires.
Avant l'offensive de HTS, le gouvernement de Bachar al-Assad contrôlait les deux tiers de la Syrie et environ 12 millions de personnes qui y vivent, selon l'analyste Fabrice Balanche.
Il tient encore notamment la capitale Damas, une grande partie du littoral (nord-ouest), ainsi que la province de Homs, dans le centre du pays, et les régions instables de Deraa et de Soueida, dans le sud.
Dans l'ouest de la Syrie, la Russie dispose de la base aérienne de Hmeimim et d'une base navale au port de Tartous.
- Combattants kurdes -
Profitant de l'affaiblissement du régime après le début de la guerre, les Kurdes ont annoncé la mise en place d'une "administration autonome" dans des zones du nord et de l'est du pays, après le retrait du régime d'une grande partie de ces régions.
Soutenues par Washington, les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes) ont progressivement étendu leur territoire, en enchaînant les victoires face à l'EI.
Elles dominent le Nord-Est syrien, dont la population est estimée à 3 millions d'habitants, dont un gros tiers de Kurdes, selon Fabrice Balanche.
Des forces américaines, déployées dans le cadre d'une coalition internationale anti-EI, sont déployées sur plusieurs bases en territoire kurde, notamment dans la province pétrolière de Deir Ezzor.
Elles sont également présentes dans le sud, sur la base stratégique d'al-Tanf, près des frontières jordanienne et irakienne.
- La Turquie et les factions -
Les forces turques et leurs supplétifs syriens contrôlent une bande territoriale discontinue entre Afrine et Ras al-Aïn, peuplée d'un million et demi de personnes, dans le nord-ouest, le long de la frontière turque.
Ces territoires contrôlés par une coalition de rebelles relevant de la Turquie, abritent 1,5 million de personnes.
Parallèlement à l'offensive à Alep, ces groupes ont pris l'enclave de Tal Rifaat, contrôlée par les Kurdes.
Depuis 2016, l'armée turque a lancé plusieurs opérations militaires dans le nord de la Syrie, ciblant notamment les combattants kurdes.
- Les jihadistes de l'EI -
Après avoir conquis de vastes zones en Syrie et en Irak en 2014, l'organisation jihadiste a subi des défaites successives jusqu'à perdre tous ses territoires en 2019 en Syrie.
Les combattants repliés dans le vaste désert syrien continuent de mener des attaques sanglantes contre des civils, les forces du régime et les forces kurdes.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.