Vendredi 23 septembre 2022 à 14h27
Paris, 23 sept 2022 (AFP) — Des milliers de personnes défilent vendredi en Iran à l'appel des autorités pour défendre le port du voile et dénoncer les "mercenaires", après une semaine de protestations déclenchées par la mort d'une jeune femme arrêtée par la police, qui ont fait au moins 17 morts.
Alors qu'à l'étranger des ONG ont dénoncé une répression "brutale" des manifestations en Iran, les connexions internet y sont toujours très perturbées vendredi, avec le blocage de WhatsApp et Instagram.
Mahsa Amini, âgée 22 ans, a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour "port de vêtements inappropriés" par la police des moeurs chargée de faire respecter le code vestimentaire de la République islamique. Elle est décédée trois jours plus tard à l'hôpital, et sa mort a entraîné des manifestations nocturnes dans les principales villes d'Iran parmi lesquelles la capitale Téhéran.
Un média d'Etat a fait état jeudi de la mort de 17 personnes dans ces manifestations, mais des ONG, comme le Centre pour les droits humains en Iran (CHRI) basé à New York, avancent des bilans plus élevés. "Des sources indépendantes parlent de 36" décès, a indiqué jeudi soir sur Twitter le CHRI.
- Tirs à balles réelles -
"Le gouvernement a riposté avec des balles réelles, des pistolets à plomb et des gaz lacrymogène, selon les vidéos partagées sur les réseaux sociaux", indique le CHRI dans un communiqué.
L'organisation kurde de défense des droits humains Hengaw rapporte que les forces de sécurité ont tiré durant la nuit de jeudi à vendredi avec des "armes +semi-lourdes+" sur les manifestants à Oshnaviyeh (nord-ouest), a sans préciser de quelles armes il s'agissait.
Dans plusieurs villes, des manifestants ont affronté les forces de sécurité, incendié des véhicules de police et scandé des slogans hostiles au pouvoir, selon des médias et des militants.
La police a arrêté un nombre indéterminé de personnes, ont rapporté des médias iraniens. Parmi elles, figurent le militant Majid Tavakoli et la journaliste Nilufar Hamedi, selon leur entourage.
Les images les plus virales sur les réseaux sociaux sont celles où l'on voit des Iraniennes mettre le feu à leur foulard. En Iran, les femmes doivent se couvrir les cheveux et n'ont pas le droit de porter des manteaux courts ou serrés ou des jeans troués.
En marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York jeudi, le président iranien, Ebrahim Raïssi, a promis une enquête sur le décès de la jeune femme, tout en précisant que le médecin-légiste n'avait pas fait état d'abus de la part de la police, ce que contestent les manifestants.
Face aux protestataires, qualifiés de "contre-révolutionnaires", "émeutiers" ou "comploteurs", les autorités ont décidé de riposter en organisant leurs propres manifestations après la prière du vendredi.
A l'appel d'un organisme chargé d'organiser des manifestations officielles, des milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes d'Iran, notamment à Téhéran, Qom (nord) ou Ispahan (centre).
- "Mercenaires" -
Dans la capitale, des centaines de personnes parmi lesquelles des femmes en tchador ont manifesté avec des drapeaux de la République islamique, des pancartes de soutien et de remerciements aux forces de l'ordre, selon la télévision d'Etat.
"Morts aux comploteurs", "Prôner la fin du voile, c'est la politique des Américains", pouvait-on entendre comme slogans.
L'imam de la prière du vendredi a appelé à punir les manifestants "avec l'arme de la loi".
Louant les "efforts et les sacrifices de la police", les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, ont de leur côté assuré que la récente "conspiration de l'ennemi" serait "vouée à l'échec".
Les autorités avaient fait état jeudi de la mort de cinq membres des forces de l'ordre.
Pour sa part, le chef du pouvoir judiciaire, Gholam Hossein Mohseni-Ejei, a averti que "les personnes ayant endommagé les biens publics et gouvernementaux, désobéi à la police ou étant liés aux services d'espionnage étrangers" devaient être traitées "sans aucune indulgence".
Après le début des manifestations le 16 septembre au soir, le pouvoir a réduit l'accès à Internet et depuis mercredi a bloqué l'accès à Instagram et à WhatsApp.
Cette mesure a été prise à cause "des actions menées via ces réseaux sociaux par des contre-révolutionnaires contre la sécurité nationale", selon l'agence Fars.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.