Samedi 3 juin 2023 à 13h47
Ankara, 3 juin 2023 (AFP) — Recep Tayyip Erdogan, reconduit dimanche à la tête de la Turquie, prête serment samedi à Ankara pour un nouveau mandat de cinq ans et annoncera la composition de son gouvernement dans la foulée.
Le chef de l'Etat, réélu le 28 mai avec 52% des voix, prêtera serment à 15H00 (12H00 GMT) - et non 14H00 comme annoncé initialement.
Outre une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement, selon la presse pro-gouvernementale, la présence du secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, confirmée par l'Alliance, jettera un éclairage particulier sur les festivités.
La Turquie, qui maintient son veto à l'entrée de la Suède dans l'Alliance atlantique depuis treize mois, se fait courtiser pour accepter de le lever d'ici - ou lors - du sommet de l'Organisation à Vilnius en juillet.
"Message limpide à nos amis suédois ! Respectez vos engagements (...) et prenez des mesures concrètes dans la lutte contre le terrorisme. Le reste suivra", a tweeté jeudi soir l'actuel ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.
Malgré une Constitution amendée et une nouvelle loi contre le terrorisme, Ankara reproche toujours à la Suède d'abriter des réfugiés kurdes qu'elle qualifie de "terroristes".
Stockholm a d'ailleurs autorisé une manifestation dimanche sur le thème "Non à l'Otan, pas de lois Erdogan en Suède", organisée notamment par des associations de soutien aux groupes armés kurdes en Syrie.
Autre dossier brûlant, la liste des ministres qui sera annoncée dans la soirée, après les festivités, doit donner une idée des orientations retenues par le chef de l'Etat pour redresser l'économie en crise.
Pour cette tâche ardue, le nom d'un expert reconnu, Mehmet Simsek, circule avec insistance depuis plusieurs jours.
Ancien ministre des Finances (2009-2015) puis vice-Premier ministre chargé de l'Economie (jusqu'en 2018), M. Simsek, 56 ans, ancien économiste à la banque américaine Merrill Lynch, serait chargé de rétablir un peu d'orthodoxie afin de ramener la confiance des investisseurs.
- Arménie et Azerbaïdjan -
Outre une inflation à plus de 40%, encouragée par la baisse régulière des taux d'intérêt, la monnaie nationale était en chute libre à plus de 20,88 livres turques pour un dollar vendredi (22,5 pour un euro) malgré des milliards de dollars engloutis durant la campagne pour en retarder le naufrage.
Selon les médias turcs, plus d'une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement et quarante-cinq ministres étrangers assisteront aux cérémonies qui s'achèveront par un dîner au gigantesque palais présidentiel bâti par le chef de l'Etat sur une colline à l'écart du centre de la capitale.
Parmi la foule des alliés traditionnels, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian prendra place au côté du président d'Azerbaïdjan Ilham Aliev et les Premiers ministres de Hongrie, Viktor Orban - qui renâcle également à ouvrir les portes de l'Otan à la Suède - et du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, qui furent parmi les premiers à le féliciter pour sa réélection après vingt ans de pouvoir.
L'Arménie et la Turquie n'ont jamais officiellement établi de relations diplomatiques et leur frontière commune est fermée depuis les années 1990, mais un rapprochement a été amorcé depuis le début 2022, en dépit du soutien affiché d'Ankara à Bakou sur la question du Nargorny-Karabakh qui oppose Erevan à l'Azerbaïdjan.
M. Erdogan, contraint pour la première fois à un deuxième tour, a obtenu 52,18% des votes contre 47,82% à son opposant, le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, selon les résultats officiels publiés jeudi, au terme d'une campagne amère qui laisse le pays polarisé entre les deux camps.
Le Parlement, élu le 14 mai en même temps que se tenait le premier tour de la présidentielle, a pris pour sa part ses quartiers vendredi à Ankara : le parti AKP du président et ses alliés y détiennent la majorité des 600 sièges.
Après sa prestation de serment au Parlement, le chef de l'Etat devait se recueillir au mausolée du fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk, avant les cérémonies protocolaires et le grand dîner le soir.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.