Samedi 7 decembre 2024 à 11h24
Beyrouth (Liban), 7 déc 2024 (AFP) — En dix jours, des rebelles menés par des islamistes radicaux partis du nord-ouest de la Syrie se sont emparés de dizaines de localités et deux des principales villes syriennes lors d'une offensive fulgurante qui fragilise de plus en plus le régime de Bachar al-Assad.
Cette progression favorisée par l'effondrement de l'armée syrienne devant l'avancée des rebelles dans plusieurs régions, représente un tournant dans le cours de la guerre en Syrie, déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie.
Après 13 années d'un conflit sanglant ayant morcelé la Syrie, quels sont les principaux belligérants et que contrôlent-ils?
- Les islamistes radicaux -
Menés par les islamistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), issus de l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, des rebelles du nord de la Syrie ont lancé une offensive fulgurante le 27 novembre, prenant d'abord Alep, la deuxième ville du pays, à l'exception des quartiers à majorité kurdes tenus par des combattants kurdes.
Ces rebelles étaient partis de l'enclave d'Idleb dans le nord-ouest du pays, qui était alors le principal bastion de l'opposition armée.
Après Alep, ils ont ensuite progressé vers Hama (centre), quatrième ville syrienne dont ils ont pris le contrôle jeudi.
Les forces gouvernementales ont annoncé s'être retirées de la ville.
La coalition rebelle est arrivée aux portes de Homs, à 150 km de la capitale Damas.
- Les forces gouvernementales -
Après le début du conflit en 2011, l'armée syrienne avait perdu la majorité du territoire au profit des factions d'opposition, de combattants kurdes, puis des jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
L'intervention russe en 2015 a changé la donne. Soutenu militairement par Moscou, l'Iran et le Hezbollah, le régime a repris le contrôle des deux tiers de la Syrie.
Mais il ne tient plus aujourd'hui que la province de Homs, qui est menacée, la capitale Damas et une grande partie du littoral (nord-ouest).
Dans l'ouest de la Syrie, la Russie dispose de la base aérienne de Hmeimim et d'une base navale au port de Tartous.
- Les rebelles du sud -
Profitant de l'effondrement des forces du régime, des rebelles locaux ont annoncé avoir pris le contrôle de la province de Deraa dans le sud et de la ville éponyme.
Ils ont également pris le contrôle du poste-frontière avec la Jordanie, qui a fermé sa frontière avec la Syrie.
La province instable de Deraa, berceau du soulèvement de 2011, était repassée sous le contrôle du gouvernement en 2018 en vertu d'un accord de cessez-le-feu négocié par la Russie qui avait permis aux rebelles de garder leurs armes légères.
Des rebelles locaux ont également annoncé avoir pris le contrôle de la province voisine de Soueida, fief de la minorité druze de Syrie, à la suite d'un retrait des forces gouvernementales.
Soueida était le théâtre de manifestations antigouvernementales depuis un an et demi.
L'armée syrienne a confirmé samedi qu'elle se redéployait dans les deux provinces de Deraa et Soueida.
- Combattants kurdes -
Profitant de l'affaiblissement du régime après le début de la guerre, les Kurdes avaient mis en place une "administration autonome" dans des zones du nord et de l'est du pays, après le retrait du régime d'une grande partie de ces régions au début de la guerre.
Soutenues par Washington, les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes) ont progressivement étendu leur territoire, en enchaînant les victoires face à l'EI.
Elles dominent le nord-est de la Syrie, et contrôlaient une partie de la province de Deir Ezzor (est), et notamment la rive est de l'Euphrate.
Vendredi, elles ont annoncé s'être déployées sur la rive ouest du fleuve, les forces gouvernementales et les groupes pro-iraniens qui leur sont alliés étant soudainement partis.
Des forces américaines, déployées dans le cadre d'une coalition internationale anti-EI, sont stationnées sur plusieurs bases en territoire kurde, notamment dans la province pétrolière de Deir Ezzor.
Elles sont également présentes dans le sud, sur la base stratégique d'al-Tanf, près des frontières jordanienne et irakienne.
- La Turquie et les factions -
Les forces turques et leurs supplétifs syriens contrôlent une bande territoriale discontinue entre Afrine et Ras al-Aïn, dans le nord-ouest, le long de la frontière turque.
Parallèlement à l'offensive à Alep, ces groupes ont pris l'enclave de Tal Rifaat, contrôlée par les Kurdes.
Depuis 2016, l'armée turque a lancé plusieurs opérations militaires dans le nord de la Syrie, ciblant notamment les combattants kurdes.
- Les jihadistes de l'EI -
Après avoir conquis de vastes zones en Syrie et en Irak en 2014, l'organisation jihadiste a subi des défaites successives jusqu'à perdre tous ses territoires en 2019 en Syrie.
Les combattants repliés dans le vaste désert syrien continuent de mener des attaques sanglantes contre des civils, les forces du régime et les forces kurdes.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.