Vendredi 26 avril 2024 à 13h47
Paris, 26 avr 2024 (AFP) — Sept hommes sont présentés vendredi à Paris à un juge d'instruction antiterroriste en vue de leur éventuelle mise en examen, soupçonnés d'avoir contribué au financement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) depuis la Seine-Saint-Denis en banlieue parisienne.
Ces suspects, âgés d'une trentaine à une soixantaine d'années selon une source proche du dossier, étaient en garde à vue depuis mardi, dans cette enquête ouverte sur des faits commis entre 2020 et 2024.
Le PKK, organisation séparatiste kurde et en lutte armée depuis des décennies contre le pouvoir central turc, est classée comme une organisation terroriste par la Turquie et de nombreux pays comme la France et les Etats-Unis.
Les investigations sur commission rogatoire ont "mis en lumière la structuration d'une campagne d'extorsion et de financement du terrorisme depuis la Seine-Saint-Denis au profit du PKK", a expliqué le Parquet national antiterroriste (Pnat) sollicité par l'AFP.
Le juge d'instruction a également prononcé jeudi des poursuites supplémentaires à l'encontre d'un autre homme, déjà mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans cette information judiciaire, selon le Pnat.
Des "indices graves et concordants" laissent "à penser qu'il avait poursuivi son activité criminelle malgré son contrôle judiciaire", a précisé le ministère public. "Des réquisitions de placement en détention provisoire ont été prises à son encontre. Il a sollicité un débat différé".
- Flux vers la Belgique -
Les enquêteurs soupçonnent ces hommes d'être en lien avec la "kampanya", la collecte de l'impôt dit révolutionnaire auprès de commerçants et de membres de la communauté kurde installés en France, selon une source proche du dossier.
Lors de sa garde à vue, l'un des meneurs du groupe a affirmé que cette collecte, fondée sur "le volontariat" des personnes donnant de l'argent, "faisait partie de l'ADN kurde", a souligné une autre source proche du dossier.
De son côté, l'avocat Jean-Louis Malterre, qui défend deux des mis en cause, a dénoncé auprès de l'AFP une "opération concertée", mentionnant des "perquisitions dans des médias kurdes en Belgique", alors que le PKK est "un mouvement politique qui lutte pour la liberté de son peuple".
Lundi, des perquisitions ont en effet eu lieu dans le cadre de cette même affaire en Belgique, dans les studios de télévision kurdes de Sterk TV et Medya News.
Les flux financiers au coeur de l'enquête ouverte en France "sont dirigés vers la Belgique" et ont donné lieu à des auditions, a précisé à l'AFP une autre source proche du dossier.
Au lendemain de ces perquisitions, en France, huit hommes étaient interpellés en Seine-Saint-Denis, en Seine-et-Marne et dans les Bouches-du-Rhône, par la Sous-direction anti-terroriste (Sdat) et l'OCRGDF (Office central pour la répression de la grande délinquance financière).
Sur les huit, l'un a été relâché sans poursuites à ce stade, selon le Pnat. Ce sont les sept autres qui sont tour à tour interrogés ce vendredi par le magistrat instructeur.
En France, d'autres enquêtes visent le financement du PKK depuis l'Hexagone.
En mars 2021, neuf personnes du milieu kurde en France avaient été mises en examen, après un coup de filet à Marseille et en région parisienne.
En février 2020, quatre personnes avaient également été mises en examen, dans le cadre d'une enquête sur des collectes de fonds pour le PKK dans le sud-ouest du pays.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.