Mardi 16 janvier 2024 à 17h20
Bande de Gaza (Territoires palestiniens), 16 jan 2 — L'armée israélienne a pilonné mardi le sud de la bande de Gaza, au lendemain de l'annonce par Israël d'une fin prochaine de la phase "intensive" des combats contre le Hamas, 102 jours après le début de la guerre qui exacerbe les tensions régionales.
Dans la matinée, des explosions et des tirs d'artillerie ont retenti dans le sud de la bande de Gaza, a constaté un journaliste de l'AFP. Au cours de la nuit, l'armée israélienne y a bombardé le secteur de Khan Younès, épicentre de ses opérations depuis quelques semaines. Ses troupes ont aussi pris pour cible dans le nord une centaine d'installations de lancement de roquettes à Beit Lahia, tuant des "dizaines de terroristes", a-t-elle indiqué mardi.
Des roquettes ont été tirées mardi matin de Gaza vers le sud d'Israël sans faire de blessés, selon les autorités israéliennes. Elles ont pour la plupart été interceptées par le système anti-missiles au-dessus d'Ofakim, selon des images d'AFPTV.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'environ 1.140 personnes côté israélien, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Quelque 250 personnes ont été prises en otages, et 132 sont toujours à Gaza, dont au moins 25 auraient été tuées, selon les autorités israéliennes. Une centaine a été libérée lors d'une trêve fin novembre.
En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.
Mardi, l'Union européenne a ajouté à sa liste "terroriste", Yahya Sinouar, 61 ans, le chef du Hamas à Gaza, considéré comme l'architecte de l'attaque du 7 octobre contre Israël. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, a salué une "décision juste et morale".
Qualifié de "mort en sursis" par l'armée israélienne, Yahya Sinouar entoure ses déplacements du plus grand secret et n'est pas apparu en public depuis octobre.
Dans la bande de Gaza, 24.285 personnes ont tuées par les bombardements et opérations militaires israéliennes en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, soit 1% de la population, selon le dernier bilan, mardi, du ministère de la Santé du Hamas, qui recense aussi 61.154 blessés.
L'armée israélienne a fait état de la mort de deux soldats, portant à 190 le nombre de militaires tués depuis son entrée dans la bande de Gaza le 27 octobre.
"Nous avons clairement dit que l'étape intensive des opérations durerait approximativement trois mois", a déclaré lundi soir le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. "Dans le nord de Gaza, cette phase touche à sa fin. Dans le sud nous allons y parvenir et cela se terminera bientôt".
L'armée a annoncé le retrait lundi d'une de ses quatre divisions engagées à Gaza. Le gouvernement israélien martèle dans le même temps que la guerre sera longue, et a approuvé lundi un budget pour 2024 alourdi de 15 milliards de dollars de dépenses pour faire face à son coût.
- "Souffrances et humiliations" -
Le Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, a fait état lundi de la mort de deux otages israéliens, diffusant une vidéo où l'on voit une jeune femme, également otage et visiblement sous pression, annoncer les décès.
La branche armée du Hamas a imputé leur mort à des bombardements "sionistes", l'armée israélienne rejetant ces "mensonges".
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a pour sa part lancé un nouvel appel à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" et évoqué une "punition collective infligée au peuple palestinien".
Dans la bande de Gaza, où 1,9 million d'habitants ont été déplacés selon l'ONU, la population manque de tout, dans le froid qui s'est abattu sur la région.
"La mort serait préférable à cette vie" faite "de souffrances et d'humiliations", se lamente le trentenaire Abdul Karim Muhammad, réfugié à Rafah (sud) près de la frontière égyptienne avec ses trois enfants. "Nous voulons rentrer chez nous, dans le nord" dit-il, même s'il sait que sa maison y a été détruite.
- Frappes iraniennes en Irak -
La guerre exacerbe les tensions régionales entre Israël et ses alliés, les Etats-Unis au premier chef, et l'"axe de résistance" établi par l'Iran, qui réunit notamment le mouvement islamiste libanais Hezbollah et les rebelles yéménites Houthis.
Les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique d'Iran, ont annoncé mardi avoir tiré des missiles balistiques en Syrie et surtout près d'Erbil, dans le Kurdistan irakien. Selon l'agence officielle iranienne de presse Irna, ils y ont détruit un centre "d'espionnage" attribué à Israël, dont un haut responsable irakien a démenti l'existence, dénonçant de "fausses allégations".
Le gouvernement irakien, allié de l'Iran mais également partenaire des Etats-Unis, a condamné une "agression" de sa souveraineté et rappelé "pour consultations" son ambassadeur à Téhéran.
Au large du Yémen, un vraquier grec a été touché par un missile, a annoncé mardi la société de risques maritimes Ambrey. Un cargo américain y avait été touché lundi dans le golfe d'Aden par un missile des Houthis. En fin de semaine dernière, Washington et Londres avaient bombardé des positions des Houthis au Yémen pour tenter de stopper leurs attaques en mer Rouge, qu'ils disent mener en solidarité avec les Palestiniens de Gaza.
En raison de cette situation, le géant pétrolier Shell ne fera plus passer ses navires via la mer Rouge, écrit mardi le Wall Street Journal (WSJ). Joint par l'AFP, un porte-parole de Shell s'est refusé à tout commentaire.
A la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs entre le Hezbollah et les forces israéliennes sont quotidiens, l'armée israélienne a annoncé mardi après-midi de nouvelles frappes aériennes et à l'artillerie contre des "dizaines de positions, structures militaires et infrastructures d'armement" du mouvement libanais à Wadi Slouqi dans le sud du Liban.
Au Liban, une source sécuritaire a évoqué "14 raids contre Wadi Slouqi" menés par Israël, ajoutant qu'il s'agissait des bombardements "les plus intenses" sur une même zone depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.