Jeudi 27 juin 2024 à 10h59
Bagdad, 27 juin 2024 (AFP) — Les autorités irakiennes ont "détenu de manière arbitraire" et expulsé plusieurs Syriens vers leur pays, parfois même quand ils avaient les papiers officiels nécessaires à leur résidence, a déploré jeudi l'ONG Human Rights Watch (HRW).
"L'Irak devrait immédiatement mettre fin à cette campagne d'arrestations arbitraires et d'expulsions de Syriens venus en Irak pour raisons de sécurité", a plaidé dans un communiqué Sarah Sanbar, chercheuse sur l'Irak à HRW. "En renvoyant par la force vers la Syrie des demandeurs d'asile, l'Irak les met délibérément en danger".
Selon l'organisation des droits humains, tant le gouvernement fédéral de Bagdad que les autorités du Kurdistan autonome dans le Nord ont expulsé des Syriens "vers Damas et des régions du nord-est de la Syrie" contrôlées par des forces kurdes.
"Certains Syriens" ont été expulsés "alors même qu'ils étaient en possession de documents officiels irakiens leur permettant de rester et de travailler dans le pays" ou d'un statut de demandeurs d'asile auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), précise l'ONG.
L'Irak accueille environ 280.000 réfugiés Syriens enregistrés auprès du HCR, dont une majorité sont installés au Kurdistan. Mais les travailleurs syriens sont également très présents que ce soit dans les restaurants de la capitale Bagdad ou dans le nord du pays.
HRW évoque une mobilisation des autorités irakiennes "ciblant les étrangers enfreignant les règles de résidence" et ayant mené à "la détention et l'expulsion de nombreux Syriens après des descentes à leur domicile ou sur leur lieu de travail."
L'ONG a effectué en avril des entretiens avec sept Syriens expulsés.
Quatre d'entre eux "étaient détenteurs d'un permis de séjour irakien valide, et trois autres étaient enregistrés auprès du HCR", déplore HRW.
"Les personnes interrogées ont déclaré avoir été arrêtées dans des raids sur leur lieu de travail ou dans la rue. Deux d'entre eux disent avoir été arrêtés" dans les bureaux de l'administration où ils s'étaient rendus pour renouveler leur permis de séjour, assure l'ONG.
"Depuis que le gouvernement irakien a annoncé l'expulsion de tous les travailleurs irréguliers, quotidiennement ou trois fois par semaine la police vient sur mon lieu de travail", indique un Syrien de 25 ans cité par HRW.
"Mon employeur et le personnel me préviennent, et je cours me cacher", ajoute ce jeune homme, selon qui la police est à la recherche de "Syriens qui travaillent".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.