Lundi 20 novembre 2023 à 14h42
Bagdad, 20 nov 2023 (AFP) — Le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani a refusé lundi la démission de trois ministres de son gouvernement, qui avaient claqué la porte pour protester contre le limogeage du président du Parlement, influent politicien sunnite.
A la mi-novembre, la Cour suprême, plus haute instance judiciaire d'Irak, avait mis fin au mandat du président du Parlement de Mohamed al-Halboussi, après la plainte d'un député pour "falsfication" de document.
En représailles, le parti Taqadom de M. Halboussi avait annoncé la démission de ses trois ministres au sein du gouvernement, chargés des portefeuilles de la Culture, du Plan et de l'Industrie.
"Le Premier ministre a refusé les démissions présentées par les ministres du Plan, de l'Industrie et de la Culture. Par conséquent ils reprendront leurs fonctions", selon un communiqué des services de M. Soudani.
Ce refus, explique le texte, vient de la volonté du gouvernement de "garantir la représentation politique de toutes les composantes du peuple et de leurs forces politiques", dans l'optique de "soutenir la stabilité politique".
La vie politique en Irak, pays multiethnique et multiconfessionnel, est régie par un partage du pouvoir entre les différentes communautés: le poste largement honorifique de président revient traditionnellement aux Kurdes, celui de Premier ministre aux chiites, tandis que la communauté sunnite est représentée par le président du Parlement.
Les élections et les nominations de responsables aux plus hauts postes sont bien souvent des processus ardus qui peuvent durer plusieurs mois, compliqués par des tractations interminables et des accords âprement négociés.
Dans le pays majoritairement chiite, le Parlement de 329 députés est dominé par une coalition de partis chiites pro-iraniens.
M. Halboussi avait rejeté le verdict rendu le 14 novembre et s'était engagé à entreprendre les démarches nécessaires "pour préserver les droits constitutionnels".
La Cour suprême a rendu son verdict après une plainte déposée par un député, issu à l'origine du parti Taqadom.
Dans son motivé, la Cour cite ce parlementaire qui accusait M. Halboussi d'avoir obligé tous les députés de sa formation à lui remettre une lettre de démission signée mais non datée, ainsi qu'une feuille blanche comportant leur signature.
C'est cette lettre de démission que le président du Parlement a "falsifié" en y apposant une nouvelle date, pour pousser le député hors de l'hémicycle.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.