Vendredi 23 juin 2006 à 09h53
ERBIL (Irak), 23 juin 2006 (AFP) — Défavorisée sous le régime du président déchu Saddam Hussein, la région autonome du Kurdistan irakien a décidé de faire appel aux entreprises étrangères pour rattraper son retard dans tous les domaines.
Pour cela, les autorités font miroiter le calme qui y règne contrairement au reste du pays, sa proximité avec la Turquie, l'Iran et la Syrie et surtout une nouvelle loi favorisant largement l'investissement étranger, y compris dans le secteur pétrolier.
"Nous voulons faire du Kurdistan la porte du commerce vers l'Irak", a affirmé le Premier ministre du gouvernement régional, Nechirvan Barzani.
"Le texte, qui sera adopté la semaine prochaine par le Parlement, ouvrira largement les portes à l'investissement étranger. Le Kurdistan est le meilleur endroit en Irak parce qu'il jouit de la sécurité et de la stabilité", a-t-il affirmé à l'AFP.
Le chef de l'executif a assuré que "ce texte garantit les droits des investisseurs et leur ouvre tous les secteurs".
Les trois provinces kurdes s'étendent sur plus de 38.000 km2. Elles ont été largement défavorisées durant le régime de Saddam Hussein mais elles ont pris leur essor économique après 1991, date à laquelle elles ont obtenu de fait leur autonomie. Alors que le reste du pays est plongé dans le chaos depuis l'invasion américaine de 2003, le Kurdistan jouit d'une relative sécurité.
"Il y a actuellement 3.800 sociétés irakiennes et étrangères, dont 500 turques, installées au Kurdistan et je pense qu'après l'adoption de la loi, leur nombre doublera, car beaucoup de compagnies étrangères nous assurent qu'elles attendent cette loi pour venir", a affirmé pour sa part Aziz Ibrahim, directeur général du commerce au ministère kurde des Finances.
Le ministre du Commerce, Mohammad Raouf, a affirmé ne pas "avoir jusqu'à présent de statistiques officielles sur les investissements au Kurdistan en raison de l'existence de deux ministères, l'un à Erbil et l'autre à Souleimaniyah".
En mai, les deux administrations kurdes ont décidé de s'unifier après une séparation de 15 ans. En effet, lors de l'instauration de l'autonomie du cette région, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK de Massoud Barzani) avait installé sa capitale à Erbil et son rival de l'Union Patriotique du Kurdistan (UPK de Jalal Talabani) avait choisi Souleimaniyah.
La loi, de 26 articles, est extrêmement libérale et incitative. Elle autorise les étrangers à posséder des terres, à rapatrier leurs bénéfices et offre une exemption d'impôts durant 10 ans. Les sociétés peuvent en outre importer leur matériel sans droit de douane et faire venir du personnel étranger.
Tous les domaines sont ouverts à l'investissement étranger, y compris l'industrie pétrolière, alors que dans le reste du pays, ce secteur reste nationalisé.
"Cette loi va contribuer à la prospérité du Kurdistan car jusqu'à présent nous fonctionnons sur la base d'anciennes lois qui sont archaïques et contiennent de nombreuses restrictions", a déclaré avec enthousiasme, un entrepreneur kurde, Badram Sadik.
La Kurdistan connaît un boom notamment dans la construction avec des projets de centres commerciaux, logements, hôtels et centres touristiques, d'un montant variant entre 300 et 500 millions de dollars.
"Jusqu'à présent, les investissements se concentrent surtout sur la construction et les infrastructures mais nous voulons donner la priorité à l'industrie", a souligné M. Raouf.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.