Samedi 24 août 2024 à 18h01
Souleimaniyeh (Irak), 24 août 2024 (AFP) — Plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés samedi à Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan autonome dans le nord de l'Irak, pour dénoncer une frappe de drone imputée à l'armée turque ayant tué la veille deux journalistes affiliées au PKK.
Interrogé par l'AFP, le ministère turc de la Défense a démenti toute responsabilité dans ce bombardement survenu vendredi dans le secteur de Sayyid Sadek. Un responsable de sécurité irakien, ainsi que les services antiterroristes à Erbil, capitale régionale du Kurdistan, évoquaient une potentielle frappe de drone de l'armée turque.
Le bombardement, qui a aussi fait un blessé, a tué Gulistan Tara, journaliste Kurde de Turquie âgée de 40 ans, et Hero Bahadin, monteuse vidéo de 27 ans, Kurde irakienne, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Elles travaillaient pour la maison de production CHATR, qui alimente deux "chaînes d'information financées par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)", d'après la même source.
Une centaine de personnes --journalistes et militants-- se sont rassemblées samedi dans un jardin public de Souleimaniyeh, brandissant des portraits des deux femmes, selon un journaliste de l'AFP. "Les martyrs ne mourront pas", a notamment scandé la foule.
"Les bombardements turcs affectent tout le monde au Kurdistan, les populations civiles en sont victimes, la vie dans les campagnes s'est quasi-arrêtée parce qu'il n'est pas possible de vivre avec des frappes de jour, de nuit, chaque minute et chaque heure", déplore la militante Robar Ahmed.
Les militaires turcs confirment épisodiquement les bombardements en territoire irakien, où ils mènent régulièrement des opérations terrestres et aériennes contre le PKK. L'organisation, engagée dans une lutte armée contre les autorités turques depuis 1984, est classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
Les combattants kurdes turcs disposent de bases arrières au Kurdistan autonome d'Irak, qui accueille aussi depuis 25 ans des dizaines de bases militaires turques.
Bagdad avait discrètement classé en mars le PKK comme "organisation interdite". Mi-août, la Turquie et l'Irak ont signé un accord de coopération militaire portant sur l'installation de centres de commandement et d'entrainement communs dans le cadre de la lutte contre le PKK.
Rahman Ghareeb, directeur du centre METRO pour les droits des journalistes, a dénoncé lors de la manifestation la "faiblesse" des prises de position en Irak face aux opérations militaires turques dans le pays contre le PKK.
"L'Irak et le Kurdistan ont conclu avec la partie turque un accord de sécurité qui les contraint à la participation", a-t-il accusé.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.