Vendredi 9 août 2024 à 13h03
Paris, 9 août 2024 (AFP) — Des gardiens de prison ont battu des détenues du quartier des femmes de la prison d'Evin à Téhéran qui protestaient contre une série d'exécutions, a déclaré la famille de la lauréate du prix Nobel de la paix Narges Mohammadi, blessée au cours de la rixe.
"De nombreuses prisonnières politiques, dont Narges Mohammadi, se sont rassemblées (...) pour protester contre l'exécution de Gholamreza Rasaei", a déclaré jeudi la famille dans un communiqué.
"Ordre a été donné de frapper et d'attaquer les femmes, en particulier celles qui se trouvaient en première ligne des protestations qui ont été violemment battues par les forces de sécurité", a précisé la famille.
L'administration pénitentiaire iranienne a démenti cette version, affirmant qu'aucune des détenues n'avait été battue et les accusant d'être à l'origine de l'agression de plusieurs gardiens, selon l'agence de presse Tasnim.
La famille indique également qu'après avoir reçu un coup de poing à la poitrine, Narges Mohammadi a souffert d'une "insuffisance respiratoire" et de "vives douleurs thoraciques" qui l'ont faite s'évanouir dans la cour de la prison.
Elle a reçu des soins à l'infirmerie de la prison mais n'a pas été transférée à l'hôpital. "Nous sommes profondément inquiets de l'état de santé de Narges Mohammadi", ont confié ses proches dans le communiqué.
La militante des droits de l'homme, 52 ans, prix Nobel 2023, est emprisonnée depuis novembre 2021 et a passé une large part de la dernière décennie en prison.
Sa famille, qui vit à Paris, a souligné qu'elle n'avait aucun contact direct avec elle depuis que son droit de téléphoner lui a été retiré en novembre. Elle a expliqué avoir été mise au courant de ces évènements par les familles de ses co-détenues.
Malgré sa détention et les problèmes de santé auxquels elle fait face, Mme Mohammadi a continué de faire campagne et a notamment fermement soutenu les manifestations entamées en septembre 2022. Elles avaient éclaté à travers l'Iran après la mort en détention de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée pour avoir violé les règles vestimentaires très strictes de la République islamique à l'égard des femmes.
La militante iranienne a été condamnée en juin à une nouvelle peine d'un an de prison pour "propagande contre l'Etat", qui s'ajoute à une longue liste d'autres chefs d'inculpation, pour lesquels elle a écopé d'une peine de 12 ans et trois mois d'emprisonnement, 154 coups de fouet, deux ans d'exil, et diverses sanctions sociales et pénales.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.