Jeudi 5 octobre 2023 à 19h02
Paris, 5 oct 2023 (AFP) — Les autorités iraniennes ont arrêté la mère d'une adolescente de 16 ans qui aurait été victime d'une altercation avec les forces de sécurité dans le métro de Téhéran et se trouve depuis dans le coma, selon une ONG de défense des droits humains.
Lundi, l'agence de presse officielle iranienne Irna a affirmé que la jeune fille s'était évanouie dimanche après une "chute de tension" dans le métro. Le directeur général du métro de Téhéran, Masood Dorosti, a nié toute "altercation verbale ou physique" entre l'adolescente "et des passagers ou des cadres du métro".
Mais selon l'ONG de défense des droits des Kurdes d'Iran Hengaw, dont le siège est en Norvège, Armita Garawand a été grièvement blessée lors d'une "agression" de la part de membres de la police des moeurs, chargés de faire appliquer l'obligation pour les femmes iraniennes de porter le voile en public.
Selon Hengaw, l'adolescente, originaire de la ville de Kermanshah (ouest) majoritairement kurde, mais qui réside à Téhéran, est soignée à l'hôpital Fajr de la capitale, au sein d'une unité placée sous haute sécurité.
Sa mère, Shahin Ahmadi, a été arrêtée par les forces de sécurité à proximité de l'hôpital et emmenée vers un lieu inconnu, a ajouté l'ONG.
D'après la chaîne de télévision privée Iran International TV, elle a été arrêtée après avoir protesté contre les restrictions aux visites à l'hôpital.
Les parents de la jeune fille avaient auparavant accordé une interview aux médias d'État iraniens à l'hôpital "sous une pression considérable" et "en présence de responsables sécuritaires de haut rang", a précisé Hengaw.
Les autorités iraniennes restent en alerte, un peu plus d'un an après le décès en détention, le 16 septembre 2022, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des moeurs pour avoir prétendument enfreint les règles vestimentaires strictes imposées aux femmes en Iran.
Téhéran a fustigé jeudi les propos "interventionnistes" de plusieurs gouvernements occidentaux pour avoir exprimé leurs inquiétudes sur l'état de santé de l'adolescente hospitalisée depuis dimanche.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a jugé "intolérable" qu'une jeune femme "se batte à nouveau pour sa vie", pour ne pas voir porté le voile.
De son côté, l'envoyé spécial américain pour l'Iran, Abram Paley, a affirmé que Washington était "choqué et inquiet en raison des informations selon lesquelles la soi-disante police des moeurs iranienne aurait agressé" la lycéenne.
"Au lieu de remarques interventionnistes et biaisées et au lieu d'exprimer des inquiétudes peu sincères à l'égard des femmes et des filles iraniennes, vous feriez mieux de vous inquiéter du personnel de santé et des patients américains, allemands et britanniques et de vous attaquer à leur situation", a déclaré sur X (ex-Twitter) le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Nasser Kanani.
Lundi, une journaliste iranienne, Maryam Lotfi, a été brièvement arrêtée à Téhéran après s'être rendue dans un hôpital pour enquêter sur l'état de santé de la jeune fille.
L'agence Irna a diffusé jeudi des entretiens avec deux adolescentes présentées comme des camarades d'Armita, affirmant qu'elles étaient avec elle lors de l'incident.
"Elle est tombée à l'entrée du wagon (...) personne ne l'a poussée et elle ne s'est battue avec personne", a déclaré l'une des deux jeunes filles, Fatemeh.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.