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Iran: deux hommes exécutés pour avoir profané le Coran


Lundi 8 mai 2023 à 17h42

Paris, 8 mai 2023 (AFP) — Deux hommes ont été exécutés par pendaison lundi en Iran pour blasphème, suscitant la consternation d'ONG de défense des droits humains, qui ont dénoncé des exécutions "choquantes" et des pratiques "moyennâgeuses".

Sadrollah Fazeli Zare et Youssef Mehrdad, reconnus coupables d'avoir "insulté le prophète Mahomet et d'autres blasphèmes, y compris d'avoir brûlé le Coran", ont été pendus lundi matin, selon le site de l'agence d'information de l'autorité judiciaire Mizan Online.

Leur exécution intervient dans un contexte d'application croissante de la peine capitale en Iran, dénoncent les ONG, selon qui l'année 2022 a été marquée par le plus grand nombre d'exécutions depuis 2015.

Les deux hommes étaient accusés d'avoir animé des groupes sur les réseaux sociaux "promouvant l'athéisme et insultant des figures sacrées de l'islam", selon Mizan.

En mars 2021, l'un des accusés avait reconnu avoir publié des insultes sur un compte Telegram, a ajouté l'agence.

Les deux hommes ont été pendus à la prison d'Arak, dans le centre de l'Iran.

- "Moyenâgeux" -

"La République islamique a une nouvelle fois démontré sa nature moyenâgeuse en exécutant deux personnes qui avaient exprimé leur opinion", a réagi Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège.

Ces exécutions devraient marquer "un tournant" pour les pays attachés à la liberté d'expression dans leurs relations avec la République islamique, a-t-il estimé.

"La communauté internationale doit dire clairement que l'usage de la peine de mort pour réprimer l'expression d'une opinion ne sera pas tolérée", a-t-il dit.

De son côté, Amnesty International a qualifié ces exécutions de "choquantes" et estimé qu'elles renforçaient encore le "statut de paria de l'Iran".

"Ils ont été pendus pour des posts sur les réseaux sociaux", a souligné l'ONG, en dénonçant un "assaut grotesque contre les droits à la vie et à la liberté de religion".

Selon IHR, au moins 208 personnes ont été exécutées depuis le début de l'année. En 2022, 582 personnes ont subi la peine capitale, en hausse de 75% par rapport à l'année précédente, avaient indiqué en avril IHR et une autre organisation, Ensemble contre la peine de mort (ECPM), basée à Paris.

La loi islamique (sharia) appliquée en Iran permet la peine capitale pour les charges de blasphème, mais les exécutions pour ce motif étaient relativement rares ces dernières années, la grande majorité des personnes exécutées l'étant pour des charges de drogue ou de meurtre.

- "Ecraser les protestations" -

L'Iran est le deuxième pays comptant le plus grand nombre d'exécutions après la Chine, selon plusieurs ONG, dont Amnesty International.

Pour Amnesty, ces nouvelles exécutions "interviennent dans le cadre d'une forte augmentation de l'usage de la peine capitale par les autorités iraniennes au cours des dernières semaines".

Cette hausse des exécutions coïncide avec le mouvement de contestation déclenché en septembre en Iran après la mort d'une jeune Kurde iranienne, Mahsa Amini, décédée après son arrestation par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict imposant notamment aux femmes le port du voile.

La contestation est violemment réprimée, et au moins 537 personnes ont été tuées par les forces de sécurité iraniennes depuis septembre, selon IHR.

Quatre hommes ont été exécutés en rapport direct avec le mouvement de contestation.

Par ailleurs, un dissident irano-suédois, Habib Chaab, reconnu coupable d'avoir dirigé un groupe séparatiste arabe de l'ouest du pays et condamné à mort pour "terrorisme", a été exécuté samedi.

L'Union européenne a dénoncé une "sanction inhumaine".

Un citoyen allemand, Jamshid Sharmahd, a lui été condamné à mort en relation avec un attentat contre une mosquée en 2008.

"Sans une action internationale urgente, les autorités iraniennes continueront à utiliser la peine de mort pour tourmenter et terroriser la population, écraser les protestations et toute forme de dissidence", a mis en garde Amnesty.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.