Mardi 15 août 2023 à 18h54
Paris, 15 août 2023 (AFP) — Les autorités iraniennes ont de nouveau arrêté la journaliste qui avait interviewé le père de Mahsa Amini dont la mort avait déclenché un mouvement de contestation en Iran, deux jours après sa libération, a annoncé mardi une ONG de défense des droits humains basée aux Etats-Unis
Nazila Maroufian était sortie dimanche de la prison d'Evine à Téhéran. Elle avait publié une photo d'elle sans foulard sur les réseaux sociaux, comme en signe de défi aux autorités de la République islamique, où le port du voile est obligatoire pour les femmes.
"N'acceptez pas l'esclavage", avait-t-elle posté sur X (ex-Twitter) et Instagram, avec une photo d'elle faisant le signe de la victoire.
La journaliste a été de nouveau placée en détention et transférée à la célèbre prison pour femmes de Qarchak, près de Téhéran, dont les conditions de détentions sont régulièrement dénoncées, a indiqué Human Rights Activists News Agency (HRANA).
L'ONG a déclaré avoir confirmé l'information auprès d'une source proche de la famille.
Agée de 23 ans selon des médias persans hors d'Iran, Mme Maroufian avait publié en octobre une interview sur le site d'information Mostaghel Online avec Amjad Amini, le père de Mahsa Amini.
La mort en détention en septembre de cette jeune femme kurde pour avoir prétendument violé les règles vestimentaires imposées aux femmes, avait déclenché des semaines de manifestations.
Dans l'interview, Amjad Amini accusait les autorités d'avoir menti sur les circonstances de la mort de sa fille, en disant qu'elle était décédée des suites d'un problème de santé. La famille et des militants ont déclaré qu'elle avait reçu un coup à la tête durant sa garde à vue.
Basée à Téhéran mais originaire de Saqez, la ville natale d'Amini, dans la province du Kurdistan, Nazila Maroufian, avait été arrêtée une première fois en novembre, puis libérée, déclarant qu'elle avait été condamnée à deux ans de prison avec un sursis pendant cinq ans pour "propagande contre le système" et "diffusion de fausses nouvelles".
Selon des groupes de défense des droits humains, elle avait été de nouveau incarcérée début juillet à Evine.
Bien qu'aucune raison n'a été donnée pour expliquer cette nouvelle arrestation, la situation fait écho au cas de la militante et journaliste iranienne Sepideh Gholian, qui avait été arrêtée en mars quelques heures après être sortie de prison tête nue et avoir scandé des slogans contre le guide suprême iranien, Ali Khamenei.
Les deux journalistes, qui ont contribué à rendre publique l'affaire Amini, sont jugées pour "atteinte à la sécurité nationale", des accusations qu'elles nient.
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.