Samedi 5 novembre 2022 à 13h25
Paris, 5 nov 2022 (AFP) — De nouvelles manifestations d'étudiants accompagnées de grèves dans les commerces ont eu lieu samedi en Iran en dépit d'une répression accrue, selon des défenseurs des droits humains, sept semaines après la mort de Mahsa Amini.
La jeune Kurde iranienne est morte le 16 septembre, trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique, imposant aux femmes le port du voile en public.
Samedi, les forces de sécurité ont usé d'une nouvelle méthode pour réprimer des manifestations dans des universités de Téhéran, fouillant les étudiants et obligeant ceux qui portaient des masques à les enlever, selon des militants.
Malgré cela, des étudiants ont manifesté à l'Université Islamique de Machhad, dans le nord-est de l'Iran, criant "je suis une femme libre, vous êtes les pervers", selon une vidéo publiée par la BBC Persian.
"Un étudiant meurt, mais n'accepte pas l'humiliation", criaient les étudiants à l'université de Gilan, à Rasht, dans le nord de l'Iran, sur une vidéo mise en ligne par un militant.
L'AFP n'a pas été en mesure de vérifier dans l'immédiat ces vidéos.
- "Colère" et "résistance" -
La vague de contestation déclenchée à travers le pays par la mort à 22 ans de Mahsa Amini est sans précédent par son ampleur et sa nature depuis la Révolution islamique de 1979.
Au fil des jours, les manifestations en faveur de la liberté des femmes se sont transformées en contestation dirigée contre le pouvoir, pendant que le régime iranien dénonce des "émeutes".
A Qazvin, dans le nord-ouest de l'Iran, des dizaines de manifestants ont crié samedi des slogans hostiles au régime lors d'un hommage à un manifestant tué il y a 40 jours, Javad Heydari.
Selon l'ONG Hengaw, basée en Norvège et qui défend les droits des Kurdes d'Iran, une "grève largement suivie" était observée samedi à Saghez, la ville natale de Mahsa Amini, dans la province du Kurdistan, où les magasins avaient baissé le rideau.
"Notre arme est notre unité, notre arme est notre colère, notre arme est notre résistance (...) On ne peut pas s'opposer à la volonté du peuple", a lancé sur Twitter Hassan Ronaghi, le frère d'un militant des droits humains très connu, Hossein.
La répression de cette vague de contestation par les forces de sécurité a fait au moins 176 morts, selon un bilan publié mercredi par l'ONG Iran Human Rights (IHR) basée en Norvège. Des milliers de personnes ont été arrêtées, dont des journalistes, des avocats, des militants et des célébrités, d'après des ONG.
- "Massacre" à Khach -
Selon IHR, 101 personnes ont aussi été tuées dans un autre mouvement de protestation à Zahedan, au Sistan-Baloutchistan, après le viol supposé d'une jeune fille par un policier. Cette région pauvre du sud-est de l'Iran est peuplée par la minorité baloutche, adhérant majoritairement à l'islam sunnite et non au chiisme dominant en Iran.
Lors d'une nouvelle flambée de violence dans cette province, les forces de sécurité ont tiré vendredi sur des manifestants à Khach, près de Zahedan, ont affirmé des ONG. Dix personnes pourraient avoir été tuées et des dizaines d'autres avoir été blessées, d'après Amnesty International.
Le religieux qui prononçait la prière du vendredi à Zahedan, Molavi Abdol Hamid, a dénoncé le "massacre" de manifestants, faisant état de 16 morts.
Une vidéo vérifiée par l'AFP montre des jeunes courant pour se mettre à l'abri et criant, alors que des tirs résonnent dans une importante rue de cette ville.
Un responsable de la province de Kerman, également dans le sud-est, a reconnu que les autorités avaient du mal à venir à bout des manifestations.
"Les restrictions de l'internet, l'arrestation de meneurs des émeutes et la présence des pouvoirs publics dans les rues mettent toujours fin à la sédition, mais ce type de sédition et son public sont différents", a déclaré ce représentant de la province pour la politique et la sécurité, Rahman Jalali, cité par l'agence de presse Isna.
burs-dv/sg/jg
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.