Dimanche 13 août 2023 à 20h25
Paris, 13 août 2023 (AFP) — Une journaliste iranienne, condamnée à deux ans de prison après avoir interviewé le père de Mahsa Amini dont la mort en garde à vue avait déclenché un mouvement de contestation en Iran, a déclaré dimanche avoir été libérée de prison.
Après sa libération de la prison d'Evine, à Téhéran, Nazila Maroufian a publié une photo d'elle sans foulard sur les réseaux sociaux, comme en signe de défi aux autorités de la République islamique, où le port du voile est obligatoire pour les femmes.
"N'acceptez pas l'esclavage", a-t-elle posté sur X (ex-Twitter) et Instagram, avec une photo d'elle faisant le signe de la victoire.
Agée de 23 ans selon des médias persans hors d'Iran, elle avait publié en octobre une interview sur le site d'information Mostaghel Online avec Amjad Amini, le père de Mahsa Amini.
La mort en détention le mois précédent de cette jeune femme kurde pour avoir prétendument violé les règles vestimentaires imposées aux femmes, avait déclenché des semaines de manifestations.
Dans l'interview, Amjad Amini accusait les autorités d'avoir menti sur les circonstances de la mort de sa fille, en disant qu'elle était décédée des suites d'un problème de santé. La famille et des militants ont déclaré eux qu'elle avait reçu un coup à la tête durant sa garde à vue.
Basée à Téhéran mais originaire de Saqez, la ville natale d'Amini, dans la province du Kurdistan, Nazila Maroufian, avait été arrêtée une première fois en novembre.
Elle avait ensuite été libérée mais avait déclaré en janvier qu'elle avait été condamnée à deux ans de prison avec un sursis pendant cinq ans pour "propagande contre le système" et "diffusion de fausses nouvelles".
Selon des groupes de défense des droits humains, Nazila Maroufian avait été de nouveau incarcérée début juillet à la prison d'Evine. Des proches avaient récemment indiqué qu'elle avait été conduite à l'hôpital, s'inquiétant de sa santé.
Sur les réseaux sociaux, la journaliste a indiqué qu'elle avait notamment souffert "de palpitations cardiaques" mais qu'elle allait "bien" désormais.
Les deux journalistes qui ont contribué à rendre publique l'affaire Amini sont emprisonnées depuis près d'un an à Evine après avoir été arrêtées en septembre. Elles sont actuellement jugées pour "atteinte à la sécurité nationale", des accusations qu'elles nient.
Selon le Comité pour la protection des journalistes basé à New York, 95 journalistes ont été arrêtés lors de la répression des manifestations, la plupart ayant été libérés sous caution.
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.