Mercredi 6 septembre 2023 à 21h53
Paris, 6 sept 2023 (AFP) — Une journaliste iranienne emprisonnée a affirmé avoir été "victime d'une agression sexuelle" en détention et avoir entamé une grève de la faim, dans un message audio diffusé mercredi par des médias persans et des groupes de défense des droits humains.
Nazila Maroufian a été arrêtée maintes fois depuis qu'elle a interviewé en octobre 2022 Amjad Amini, dont la fille Mahsa est morte un mois auparavant après son arrestation par la police pour infraction au code vestimentaire imposé aux femmes en Iran. Son décès avait déclenché des manifestations qui ont duré plusieurs mois.
La dernière arrestation de la journaliste remonte au 30 août quand on lui avait reproché de ne pas avoir porté de voile dans un lieu public et d'avoir publié ses photos sur les réseaux sociaux, selon un média local.
"J'ai été victime d'une agression sexuelle", a-t-elle indiqué depuis la prison d'Evine à Téhéran, ajoutant que cela l'avait mise "dans le pire des états".
Sa déclaration audio a été diffusée par des médias basés à l'étranger dont Iran International et Radio Farda, ainsi que par le Réseau des droits humains du Kurdistan (KHRN) et le Centre pour les droits humains en Iran (CHRI).
Nazila Maroufian a dit avoir entamé une grève de la faim pour protester contre sa situation ainsi que celle de toutes les femmes qui subissent des violences dans les commissariats ou les prisons.
"Cette grève est pour moi mais aussi pour toutes les femmes qui se trouvent dans des conditions graves en Iran", a-t-elle dit. Son message semble avoir été enregistré lors d'une conversation téléphonique avec sa famille qui a partagé des photos des hématomes qu'elle aurait eus en raison de l'agression.
Selon des informations de presse plus tôt cette semaine, la journaliste aurait été condamnée à un an de prison pour "diffusion de propagande" contre le régime.
Lors de précédentes libérations, Nazila Maroufian s'était montrée tête nue en public en signe de défi aux autorités de la République islamique, où le port du voile est obligatoire pour les femmes.
Dans l'interview qu'elle avait réalisée en 2022, Amjad Amini accusait les autorités d'avoir menti sur les circonstances de la mort de sa fille, en disant qu'elle était décédée des suites d'un problème de santé. La famille et des militants ont affirmé qu'elle avait reçu un coup à la tête durant sa garde à vue. Téhéran avait démenti.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.