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"J'ai peur pour mon enfant": hommage à Calais au bébé mort dans la Manche


Samedi 19 octobre 2024 à 21h43

Calais, 19 oct 2024 (AFP) — "J'ai peur pour mon enfant" mais "qu'est-ce que je peux faire d'autre?" explique un candidat à l'exil érythréen présent à Calais samedi lors de la commémoration pour un nourrisson mort dans une tentative de traversée clandestine de la Manche.

Le décès de ce bébé de quatre mois, probablement Kurde irakien, dans le naufrage d'une embarcation de fortune où il se trouvait jeudi avec ses parents et sa fratrie, ne l'empêchera pas de tenter sa chance avec son bébé de deux ans.

"Pour moi c'est difficile, parce que j'ai un enfant avec moi", explique l'homme de 42 ans, qui ne souhaite pas donner son nom par peur de représailles dans son pays. Avec son bébé et sa femme, il a déjà tenté deux fois de traverser la Manche. "J'ai peur pour mon enfant", martèle-t-il, "la mer est dangereuse mais je n'ai pas d'autre solution que d'essayer de traverser". Il pense au prochain départ, fataliste: "qu'est-ce que je peux faire d'autre ?"

"Ici, nous avons tous des familles !", s'exclame un peu plus loin Thaeer, venu de Syrie, en désignant quatre comparses dont les proches sont restés au pays. "Moi, j'ai deux enfants en Syrie, lui il a 6 enfants", égrène le trentenaire qui a déjà tenté plusieurs fois de rejoindre l'Angleterre, et se prépare à recommencer.

Sur le sol, une ligne a été ajoutée à la longue liste répertoriant les noms des centaines de morts à la frontière entre France et Royaume-Uni depuis la fin des années 1990: "4 mois, Kurde".

Pour les associations présentes, ce macabre décompte n'est pas prêt de s'arrêter. "L'augmentation du nombre de personnes par bateau, les départs plus vite et plus loin font qu'on a plus de morts à la frontière et c'est directement lié à la politique migratoire mise en place", indique Axel Gaudinat, coordinateur au sein de l'association Utopia 56 à Calais.

L'association appelle à des "accueillir dignement en France et de mettre en place des voies de passage sûres pour les personnes qui souhaitent demander l'asile en Angleterre".

L'année 2024 est la plus meurtrière depuis le début en 2018 du phénomène des small boats, ces embarcations de fortune utilisées pour tenter de rejoindre l'Angleterre, avec au moins 52 morts dans des naufrages et bousculades mortelles.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.