Mardi 29 novembre 2022 à 17h17
Téhéran, 29 nov 2022 (AFP) — Le guide suprême iranien Ali Khamenei s'est montré sceptique mardi sur les engagements de l'Irak à sécuriser la frontière entre deux pays, lors d'une rencontre à Téhéran avec le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani.
L'Iran accuse des groupes d'opposition iraniens kurdes, basés dans la région autonome du Kurdistan irakien, de mener des attaques sur son territoire en s'infiltrant à partir de l'Irak, mais aussi d'encourager les manifestations déclenchées en Iran après la mort en détention le 16 septembre de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini.
Le gouvernement irakien s'est récemment engagé à déployer des forces dans la zone frontalière du Kurdistan irakien pour rassurer Téhéran.
Et mardi, M. Soudani a assuré que son gouvernement n'autoriserait aucune partie à utiliser le territoire irakien pour porter atteinte à la sécurité de l'Iran. Ce à quoi Ali Khamenei a répondu: "malheureusement, c'est ce qui se produit actuellement dans certaines régions d'Irak", selon l'agence officielle Irna.
"La seule solution, c'est que le gouvernement central irakien étende son autorité à ces régions", a-t-il ajouté.
Le guide suprême a par ailleurs regretté que des accords conclus entre les deux pays n'aient pas été appliqués selon lui, "en particulier dans la coopération économique, les échanges de marchandises et les transports ferroviaires".
Plus tôt dans la journée, M. Soudani, qui a pris ses fonctions de Premier ministre il y a un mois, avait rencontré le président iranien Ebrahim Raïssi qui a souhaité une amélioration des relations entre les deux pays.
Ces relations ont aussi été mises à mal ces derniers mois lorsque l'Irak a été le théâtre d'un bras de fer entre les deux ennemis du chiisme politique: le chef religieux Moqtada Sadr et le Cadre de coordination, une alliance de partis pro-Iran.
"De notre point de vue et de celui du gouvernement irakien, la sécurité, la paix, la coopération et la stabilité dans la région sont très importantes", a dit M. Raïssi lors d'une conférence de presse commune.
"Par conséquent, la lutte contre les groupes terroristes, le crime organisé, la drogue et toute insécurité qui menace la région repose sur la volonté commune des deux pays", a-t-il souligné.
Le Premier ministre irakien a déclaré de son côté que son gouvernement était "déterminé à ne pas permettre à de quelconques groupes ou parties d'utiliser le territoire irakien pour (...) menacer la sécurité de l'Iran", soulignant que les deux pays allaient mettre en place "un mécanisme (...) de coordination sur le terrain pour éviter toute escalade".
Sur le plan économique, M. Soudani a fait part de la reconnaissance de son pays à l'Iran "pour son soutien avec l'approvisionnement continu de gaz et d'électricité", alors que l'Irak est très dépendant du gaz et de l'électricité de son voisin.
"Ce voyage et les discussions entre les deux délégations iranienne et irakienne peuvent grandement aider à résoudre les problèmes bilatéraux", a dit pour sa part le président Raïssi.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.