Page Précédente

Kurdistan d'Irak: le Parlement régional prolonge son mandat d'un an


Dimanche 9 octobre 2022 à 15h55

Erbil (Irak), 9 oct 2022 (AFP) — Le Parlement régional du Kurdistan autonome d'Irak a voté dimanche pour prolonger d'un an son mandat, reportant des élections législatives qui auraient dû se tenir début octobre dans un contexte de tensions et de crise politique qui paralyse tout le pays.

Selon un communiqué de l'Assemblée, 80 députés sur 111 ont voté pour une prorogation du mandat du Parlement régional, réélu tous les quatre ans au Kurdistan, dans le nord de l'Irak.

"Les blocs d'opposition se sont abstenus", a précisé le communiqué, ajoutant que le Parlement poursuivra ses activités jusqu'à l'automne 2023.

La prorogation est due aux divergences entre les deux grands partis de la région, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), qui s'opposent sur le découpage des circonscriptions électorales.

Mais en filigrane transparaissent les luttes politiques qui les opposent, estime Shivan Fazil, chercheur au Stockholm International Peace Research Institute.

En effet, le poste de président de la République à Bagdad, traditionnellement réservé à un Kurde, revient à l'UPK. Mais le PDK, qui domine le gouvernement du Kurdistan autonome, convoite la présidence.

"Le manque de coopération et de consensus entre les deux partis au niveau fédéral --ou à Bagdad-- se traduit par un manque de coopération au niveau du Kurdistan", estime M. Fazil.

A plusieurs reprises ces dernières décennies le Parlement du Kurdistan a prolongé son mandat, en raison de dissensions politiques internes voire de combats dans les années 1990 opposant les deux clans familiaux rivaux qui dominent les principaux partis kurdes irakiens, les Barzani (PDK) et les Talabani (UPK).

Evoquant un potentiel report des législatives au Kurdistan, l'émissaire de l'ONU en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert, avait récemment appelé les partis au compromis: "monopoliser le pouvoir engendre l'instabilité. Cela vaut tant pour l'Irak que pour la région du Kurdistan."

Le Kurdistan d'Irak se présente comme une oasis de stabilité, mais militants et opposition y dénoncent notamment la corruption et des arrestations arbitraires.

La région n'échappe pas aux soubresauts de la géopolitique. Fin septembre, des bombardements revendiqués par Téhéran ont fait 14 morts et 58 blessés parmi lesquels des civils. Ces frappes visaient les partis de l'opposition kurde iranienne installés en Irak depuis des décennies.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.